L'Ontario doit réduire son train de vie, dit une commission

Le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, et son ministre des Finances, Dwight Duncan.
Photo: Agence Reuters Mike Cassese Le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, et son ministre des Finances, Dwight Duncan.

Toronto — L'Ontario ne peut plus se permettre de rembourser les médicaments prescrits à tous les citoyens âgés de 65 ans et plus, et devrait former moins de professeurs pour forcer ceux qui enseignent déjà à repousser leur retraite afin de cotiser davantage à leur régime de retraite, a soutenu l'ancien économiste principal de la Banque TD Don Drummond dans son rapport très attendu, déposé hier à Queen's Park.

La Commission de réforme des services publics de l'Ontario, présidée par M. Drummond, a remis son rapport — qui comprend 362 recommandations détaillées sur quelque 500 pages —, visant à réduire les dépenses gouvernementales et éliminer un déficit de 16 milliards.

De façon globale, il prévient que la province devra adopter des mesures «sans précédent» en réduisant de 16,2 % ses dépenses de programmes pour chaque homme, femme et enfant. La croissance annuelle des coûts de programmes en santé devrait être de 2,5 %, en éducation de 1 %, en éducation postsecondaire de 1,5 %, et en programmes sociaux de 0,5 %. Dans tous les autres programmes, le gouvernement, selon lui, doit plutôt réduire ses dépenses, de 2,4 %.

M. Drummond affirme que si l'actuel gouvernement s'en tient à ses mesures pour viser le déficit zéro d'ici 2017-2018, comme il a promis de le faire, la province sera quand même à court d'environ 30 milliards. Elle sera aussi confrontée à une dette publique gigantesque de 411,4 milliards — soit environ la moitié du PIB de l'Ontario.

Les réformes au système de santé constituent le coeur du rapport de M. Drummond, qui estime que la croissance annuelle des dépenses de programmes dans ce secteur devrait être réduite à 2,5 %, alors qu'elle est de 6,5 % depuis huit ans. Les soins prodigués dans la communauté devraient être privilégiés afin de réduire dans la mesure du possible le nombre de gens traités dans les hôpitaux, dont les activités sont plus coûteuses, indique M. Drummond.

Il recommande aussi au gouvernement de cesser de négocier avec les médecins, par le biais de l'Association médicale de l'Ontario, quels services et procédures devraient ou non être couverts par l'assurance maladie de la province. Les médecins ontariens, qui sont les mieux payés au pays, ne devraient pas non plus s'attendre à ce qu'un gouvernement à court d'argent hausse leur salaire, soutient M. Drummond.

Quant au système d'éducation, l'économiste estime que la province devrait tenter de réduire sa contribution à la caisse de retraite des enseignants. M. Drummond estime aussi qu'il faudra contrôler le nombre de nouveaux professeurs formés chaque année, qui dépassent de 7600 le nombre d'enseignants qui partent à la retraite.

L'économiste juge aussi qu'il faudrait mettre la hache dans le programme phare du gouvernement libéral de Dalton McGuinty: celui de la prématernelle et de garderies à temps plein, qui coûtera 1,5 milliard. Il ajoute que si Queen's Park souhaite tout de même aller de l'avant avec ce projet — ce que le gouvernement a déjà confirmé —, il lui faudra à tout le moins repousser son implantation à 2017-2018 plutôt qu'à 2014-2015.

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