Jubilé de la reine - La valse des médailles est lancée

Le champion olympique Alexandre Bilodeau a reçu hier une médaille du jubilé de diamant des mains du gouverneur général, David Johnston.
Photo: Agence Reuters Blair Gable Le champion olympique Alexandre Bilodeau a reçu hier une médaille du jubilé de diamant des mains du gouverneur général, David Johnston.

C'est parti: les célébrations entourant le 60e anniversaire de l'accession au trône de la reine Elizabeth II ont débuté hier avec la distribution des soixante premières médailles du jubilé de diamant... cela au moment même où la Société Saint-Jean-Baptiste lançait une campagne — «On ne jubile pas, on s'en fout royalement» — pour dénoncer les festivités.

Soixante citoyens canadiens ont donc reçu en primeur la première fournée de la médaille du jubilé au cours d'une cérémonie tenue à Rideau Hall, en présence du premier ministre Harper et du gouverneur général, David Johnston.

Les décorés d'hier se sont illustrés dans une multitude de domaines: aide aux immigrants, aux autochtones, aux enfants de soldats morts, à l'éducation des jeunes filles dans le monde, aux victimes d'actes criminels; contribution à la recherche médicale, à la vie militaire ou au sport (le skieur Alexandre Bilodeau), etc.

Selon M. Johnston, les gagnants «représentent une mosaïque d'expériences et de réalisations individuelles. Tout comme Sa Majesté, ils inspirent les autres à répondre à l'appel du devoir», a-t-il dit. C'est là l'objectif global de ce programme de médailles — qui fera toutefois une place prédominante au domaine militaire.

Le Devoir a en effet pu constater que 11 000 médailles sont réservées aux «candidats des forces canadiennes». Ce sera la «plus importante remise de médailles commémoratives de l'histoire des Forces», dit-on. Les candidats des organismes non gouvernementaux partenaires du gouvernement recevront quant à eux 10 000 médailles. Comme nous l'indiquions la semaine dernière, le tiers de ces organismes sont directement liés au monde militaire. De même, 2300 médailles sont réservées aux candidats de la Gendarmerie royale du Canada.

«On s'en fout royalement»

Dans l'édition de la Gazette du Canada publiée samedi, on confirme aussi que les députés et sénateurs pourront chacun remettre 30 médailles, alors que les ministres en auront 50 à distribuer (total de 13 120). Les premiers ministres des provinces et territoires auront quant à eux 6000 décorations à leur disposition. Quelque 12 000 candidats des municipalités, des services de protection et de la fonction publique seront aussi décorés.

Les règles adoptées stipulent que le gouverneur général et le premier ministre auront chacun 200 médailles à donner. Les «membres du tableau de la préséance» — soit les députés, les anciens premiers ministres et autres dignitaires de ce type — auront tous droit à une médaille (750 au total).

Interrogé la semaine dernière sur la volonté exprimée par au moins six députés de ne pas accepter leur médaille, le bureau du gouverneur général a répondu que «chacun est libre d'accepter ou de refuser cette récompense». Dans la foulée, le gouvernement a prévu 705 médailles en «inventaire de remplacement» pour «toute perte et pour parer aux autres éventualités». Chaque médaille coûtant environ 60 $ (3,7 millions au total), il y en a là pour 42 000 $.

La remise des premières médailles a ouvert le bal des festivités gouvernementales du jubilé de diamant de la reine. Une deuxième étape aura lieu aujourd'hui, avec le dévoilement officiel du portrait de la reine en vitrail commandé par le gouvernement et installé au-dessus de l'entrée du Sénat. Ce vitrail a coûté environ 35 000 $.

C'est dans ce contexte que la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) a lancé hier une campagne au titre éloquent: «On ne jubile pas, on s'en fout royalement.» Objectif? «Riposter aux campagnes de propagande monarchiste et militariste du gouvernement canadien», indique le président, Mario Beaulieu.

La SSJB rappelle que c'est «au nom de cette Couronne britannique» que des «crimes graves» ont été commis au fil des ans, notamment la déportation des Acadiens ou l'émeute anti-conscription de 1918. Plus récemment, le SSJB montrait la reine du doigt pour avoir entériné le rapatriement de la constitution par Pierre Elliott Trudeau.

En citant le programme des célébrations — 500 000 drapeaux du jubilé, portrait, vitrail, médailles, pièces de monnaie — et les coûts engendrés (7,5 millions), la SSJB estime que ces «folles dépenses de propagande identitaire montrent bien que les Québécois n'ont pas du tout les mêmes priorités que les Canadiens», indique Mario Beaulieu.

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Plus modeste en Grande-Bretagne

Depuis Londres, Elizabeth II a réitéré hier son serment de consacrer sa vie à servir ses sujets, à l'occasion du 60e anniversaire de son accession au trône. Le message a été aussi bref que solennel pour ce 6 février placé sous le règne du «business as usual». La sobriété initiale du jubilé s'explique notamment par le fait que le 6 février marque la disparition de George VI, et par le souci de frugalité du palais de Buckingham, qui a réduit son train de vie en ces temps d'austérité.

D'après l'Agence France-Presse

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