Les libéraux invitent des «partisans» à choisir le prochain chef

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a appuyé la proposition.
Photo: Agence Reuters Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a appuyé la proposition.

Ottawa — Les libéraux fédéraux réunis en congrès bisannuel ont décidé ce soir de modifier en profondeur les règles d’adhésion à leur formation en permettant à des partisans non-membres du parti de choisir, eux aussi, qui sera le chef.

Après un débat passionné, les quelque 2000 délégués réunis à Ottawa ont accepté de créer une catégorie dite de «partisans». Ces gens n’auront pas besoin de devenir membre à proprement parler... ni de payer les cotisations annuelles de 10 $. Ils ne pourront donc pas participer aux congrès et voter les politiques du parti, mais ils pourront voter lors des courses au leadership.

Les avis étaient fortement partagés sur cette idée. Le chef intérimaire, Bob Rae, a le premier pris la parole en faveur de la proposition. «L’assemblée a une occasion de faire un changement historique», a-t-il dit. «C’est l’occasion de dire que le Parti libéral n’est pas un club privé.»

Les supporteurs de cette idée ont fait valoir qu’il s’agissait d’une façon d’impliquer les gens qui votent libéral aux élections, mais qui n’ont pas nécessairement envie de faire partie d’une formation politique. «En terme de partis politiques, ce que les gens veulent, c’est un rendez-vous galant, par un mariage», a illustré Kory Hogan.

La plupart des opposants avaient peur de créer deux catégories de militants: ceux qui payent et se tapent tout le travail organisationnel et électoral, et ceux qui ne payent pas et profitent du privilège de choisir un chef.

Michael Burton, un militant de Regina, a fait valoir que tout cela était un travail par étape. En permettant aux gens de devenir des partisans, le PLC se construit une base de données de sympathisants, les amène peu à peu à s’impliquer et éventuellement leur demande de cotiser et de financer le parti.

Alex Holland, d’Alberta, a indiqué que la catégorie de «partisan» avait été implantée au Parti libéral d’Alberta et que cela avait permis d’accroître la liste de sympathisants de 1000 %. Vrai, a répliqué Zack Siezmagraff, lui aussi d’Alberta. «Mais seulement 30 % de ces gens sur notre liste ont voté! Et le financement qu’on nous promet n’est jamais venu.»

Finalement, les militants ont voté à 73 % en faveur de la création d’une étiquette de «partisan». Un second vote a été demandé et cette fois, 75 % ont appuyé l’idée, soit 1447 votants contre 489. Justin Trudeau était lui aussi en faveur de l’idée, tandis que les ex-députés Maria Minna et Andrew Telegdi s’y opposaient.

C’est ensuite à 69 % qu’il a été décidé d’accorder un droit de vote à ces partisans lors de la chefferie. Les délégués ont toutefois refusé de leur donner le droit de vote aux investitures locales par lesquelles les candidats libéraux à l’élection sont désignés.

Plusieurs craignaient de voir le Parti libéral noyauté par des opposants qui feraient élire les pires candidats à l’échelle locale ou encore des représentants d’intérêts particuliers.

Le député Frank Valeriote a soutenu que des circonscriptions pourraient être «ciblées», notamment celle d’Irwin Cotler, à Mont-Royal. Les conservateurs tentent de renverser M. Cotler en faisant courir la rumeur qu’il démissionnera sous peu. Ce genre de noyautage a déjà eu lieu dans les années 1990, quand le lobby pro-vie avait réussi à prendre le contrôle de plusieurs circonscriptions libérales sûres d’Ontario et faire désigner candidats des militants pro-vie. Ils avaient seulement acheté des cartes de membres à l’époque. Certains des députés s’étant fait élire de cette façon sont encore en poste aujourd’hui à la Chambre des communes.


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