Les politiques d'Immigration Canada à l'endroit de Mexicains dénoncées

Une trentaine de manifestants étaient réunis hier devant le Complexe Guy-Favreau, à Montréal.
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir Une trentaine de manifestants étaient réunis hier devant le Complexe Guy-Favreau, à Montréal.

«Lucha, lucha, lucha» [lutte, lutte, lutte], «Papeles para todos y todas» [Des papiers pour tous et toutes], scandaient hier les quelques dizaines de militants réunis sous la bannière de l'organisme Mexicains unis pour la régularisation (MUR), devant le Complexe Guy-Favreau à Montréal. Ils profitaient de la Journée internationale des migrants pour réclamer l'arrêt des expulsions et la régularisation du statut migratoire de tous les Mexicain(e)s vivant au Québec.

«Nous demandons que l'Immigration change ses critères pour juger les Mexicains», a déclaré au Devoir Alfredo, travailleur migrant qui tente depuis trois ans de faire venir sa famille pour échapper à la violence quotidienne découlant de la guerre contre les narco-trafiquants menée par le gouvernement mexicain.

«La situation au Mexique est très grave», ajoute Oscar Carrillo, porte-parole de MUR. Les manifestants dénoncent l'hypocrisie d'Ottawa qui, d'un côté, expulse les sans-papiers en arguant l'absence de danger au Mexique et qui, de l'autre, met en garde ses propres citoyens voyageurs contre «le niveau élevé de criminalité» qui y sévit. Le ministère des Affaires étrangères conseille même d'«éviter tout voyage non essentiel» le long de la frontière mexicano-américaine «en raison du niveau élevé de la violence liée au crime organisé».

Demande d'asile

«Neuf Mexicains sur dix se font refuser leur demande d'asile», indique Oscar Carillo, porte-parole de MUR. Ces chiffres remontent en fait à 2008, alors que les Mexicains représentaient le quart des demandeurs d'asile au Canada. Immigration Canada a alors imposé l'obtention d'un visa d'entrée à tous les ressortissants du Mexique, en 2009. Le ministre Jason Kenney voulait freiner les demandes d'asile, qui avaient triplé depuis 2005, jugeant qu'elles nuisaient à ceux qui fuient vraiment les persécutions.

MUR, fondé il y a quelques semaines, estime que le Canada viole les droits des migrants en imposant ce visa et en expulsant ceux-ci, alors qu'ils subissent les dommages collatéraux de la guerre contre la drogue.

Cette guerre menée par le gouvernement de Felipe Calderón a fait plus de 45 000 morts depuis 2006, selon Human Rights Watch (HRW). La population se retrouve victime à la fois des trafiquants et de la répression des forces de l'ordre. Souvent corrompues, l'armée et la police, déployées partout dans le pays afin de protéger la population, multiplient plutôt les meurtres, viols et autres abus, concluait HRW dans un rapport publié en novembre.

«Le Mexique est en train de devenir une deuxième Colombie», souligne M. Carrillo.

Dernier cas d'expulsion médiatisé, Paola Ortiz, installée au Canada depuis six ans avec ses deux enfants, a été déportée dans son pays d'origine en septembre. Elle avait fait une demande d'asile pour échapper aux sévices de son conjoint, officier de la police fédérale mexicaine.

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