Fin de session aux Communes - Turmel défend son bilan au Québec, malgré un recul de ses appuis

Nycole Turmel
Photo: Agence Reuters Chris Wattie Nycole Turmel

Ottawa — Malgré un nouveau sondage qui affiche un Nouveau Parti démocratique en dégringolade au Québec, la chef intérimaire du parti s'est targuée d'avoir mieux défendu les intérêts de la province que le gouvernement, au moment de dresser son bilan de la dernière session parlementaire.

«Ce gouvernement-là, il y a juste un petit groupe de personnes auquel il se fie et il a oublié l'ensemble de la population», a accusé Nycole Turmel, plaidant que son parti avait quant à lui écouté les Canadiens et volé au secours du Québec. Registre des armes à feu, projet de loi omnibus en matière de criminalité, pont Champlain, langue française dans les entreprises fédérales au Québec, changements climatiques; le NPD avait toute une liste à réciter.

Mais force est de constater que les efforts d'opposition des néodémocrates se sont faits en vain. Car le NPD a eu beau défendre la position du Québec et autres opposants aux projets de loi omnibus C-10 et celui visant l'abolition du registre des armes d'épaule, ceux-ci seront néanmoins adoptés dans la nouvelle année. Au rang d'opposition officielle, mais face à un gouvernement majoritaire, le NPD aura été moins influent que lorsqu'il était au 4e rang en contexte minoritaire.

Et signe du nouveau contexte cette fois-ci démographique de la députation néodémocrate, le parti aura eu à gérer quelques divisions au sein d'un caucus aux deux tiers québécois mais fortement ancré dans le reste du Canada. Le NPD a ainsi approuvé, en comité à huis clos, la nomination d'un juge unilingue anglophone à la Cour suprême, pour ensuite la dénoncer haut et fort une fois celle-ci confirmée publiquement. Il semblerait, selon nos informations, que ce soit l'erreur du député présent au comité — anglophone —, qui n'a pas su détecter le problème de la langue.

Quant au choix d'un vérificateur unilingue anglophone par le gouvernement conservateur, le NPD aura été forcé d'admettre, tout comme les libéraux, qu'il n'avait pas vérifié ses compétences linguistiques quand le nom de Michael Ferguson lui a été présenté.

Autre dossier: l'octroi de contrats navals d'une valeur de 33 milliards de dollars à des chantiers de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique, aux dépens du chantier Davie de Lévis. À la suite de l'annonce des gagnants, le Néo-Écossais Peter Stoffer avait affirmé que c'était «un grand jour pour le Canada». Il était pourtant aux côtés de son collègue de la région de Québec, Denis Blanchette, qui ne partageait pas son enthousiasme, s'avouant «très déçu».

Au moment de quitter les Communes pour les Fêtes, après une première session en tant qu'opposition officielle sans leur chef Jack Layton, les néodémocrates ont dû composer avec un nouveau sondage leur attribuant une perte d'appuis au Québec. Le coup de sonde Harris-Décima pour La Presse canadienne plaçait le NPD en chute de 16 points par rapport aux votes récoltés le 2 mai, à 26 %, soit à égalité avec le Bloc québécois qui n'a conservé que quatre députés après la vague orange des élections. Mi-novembre, un autre coup de sonde mené pour Le Devoir enlevait six points d'appui aux néodémocrates par rapport aux dernières élections. Mme Turmel a refusé de commenter ces résultats, martelant qu'elle continuerait de parler aux citoyens et de les défendre. Pas moyen de savoir si elle a un plan pour l'avenir, autre que celui de répéter ce qui manifestement ne fonctionne pas au Québec.

«Peut-être que les gens du Québec s'aperçoivent que c'était un chant de sirènes», a quant à lui déclaré le bloquiste André Bellavance, en soulignant que, pour son parti, «c'est le Québec d'abord et avant tout».

Bâillon nécessaire


Du côté conservateur, on a dressé un bilan très positif de cette session qualifiée de «productive, de dur labeur et ordonnée» par le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan. Peter Van Loan rejette les accusations d'avoir utilisé le rouleau compresseur pour faire adopter les projets de loi. Selon lui, cette approche accélérée des travaux parlementaires est nécessaire pour l'économie.

«Il n'y a aucun doute que, partout dans le monde, l'impasse et l'indécision politiques ont mené à l'incertitude économique et continuent de menacer l'économie mondiale. Nous le voyons en Europe, nous le voyons aux États-Unis où le Congrès et le président sont incapables de prendre des décisions importantes pour faire face aux défis qui se posent à eux. Ce n'est pas ce que les Canadiens veulent. Les Canadiens s'attendent à ce que nous prenions des décisions, que nous posions des gestes, et c'est ce que ce gouvernement a fait à la Chambre des communes et sur la scène internationale.»

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