Ottawa propose l'évacuation des résidants d'Attawapiskat

Ottawa — Le gouvernement fédéral est prêt à évacuer des résidants d'Attawapiskat le temps que la crise du logement qui y sévit puisse être calmée. Dans une lettre adressée à la chef de la réserve, le ministre des Affaires autochtones l'appelle à mettre fin au dialogue de sourds que mènent depuis quelques jours les deux dirigeants et à accepter de négocier avec l'envoyé spécial de son gouvernement.

Le ministre John Duncan a présenté son plan pour faire face à la situation dans cette réserve du nord de l'Ontario: sortir les habitants dans le besoin en attendant de pouvoir leur offrir un logis permanent, les installer dans un centre sportif ou encore un centre de santé de la communauté, qui serait aménagé pour servir de maison temporaire aux dizaines de résidants qui vivent présentement sans électricité ni eau courante, dans des abris non isolés.

Cette deuxième idée avait toutefois déjà été rejetée par le grand chef régional, Stan Louttit, qui avait expliqué la semaine dernière que les deux centres n'étaient pas aménagés pour accueillir la population, le centre de santé étant notamment situé à 6 km du centre de la réserve, au bout d'une route impraticable.

Maisons modulaires

Le plan du ministre Duncan, dévoilé en fin de journée hier, propose en outre que le séquestreur-administrateur — nommé par Ottawa la semaine dernière pour gérer les finances fédérales de la communauté — commande dès maintenant 15 maisons modulaires afin qu'elles soient prêtes pour livraison... dès que les routes d'hiver seront de nouveau praticables.

«Notre objectif est de nous assurer que tous les résidants ont accès à un abri chauffé et sécuritaire [...] De nouveau, je ne peux pas suffisamment insister quant à la nécessité de travailler avec le séquestreur-administrateur», a fait valoir le ministre dans sa missive envoyée hier à la chef d'Attawapiskat, Theresa Spence.

C'est que Jacques Marion, dépêché lundi par Ottawa pour aller gérer la crise d'Attawapiskat, a été expulsé aussitôt arrivé. La réserve refuse depuis de le laisser revenir. Or le ministre y tient, M. Marion restera en poste et devra faire son travail, à l'intérieur ou à l'extérieur de la réserve.

La chef d'Attawapiskat n'avait pas encore réagi hier à la divulgation des propositions du ministre. Mais le néodémocrate Charlie Angus, dont la circonscription englobe la réserve et qui s'est fait le défenseur du sort de cette population, s'est réjoui du signe d'ouverture du ministre. Après une rencontre houleuse entre M. Duncan et Mme Spence lundi, le changement de ton et les propositions concrètes du ministre l'ont rassuré. «Enfin, ils reviennent et ils sont prêts à travailler avec la communauté», a commenté M. Angus.

Dans l'immédiat, Ottawa prévoit, de concert avec le gouvernement ontarien, l'envoi par avion de produits essentiels (des toilettes à compostage, des poêles à bois et des matériaux de construction).

En début de journée, la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel, avait demandé au premier ministre Stephen Harper l'intervention de l'armée pour transporter par voie aérienne le nécessaire d'urgence à Attawapiskat et aider à la construction rapide de logements. Pour l'instant, il n'en est pas question.