Chefferie du NPD - Roméo Saganash entre dans la course

Brian Topp n'est plus seul en piste: le député Roméo Saganash a annoncé hier qu'il serait lui aussi de la course à la succession de Jack Layton. Il se lance sans équipe de campagne, mais avec la certitude de pouvoir apporter une expérience unique qui le distinguera des autres candidats.
La nouvelle de sa candidature en a surpris plusieurs, qui s'attendaient plutôt à ce que M. Saganash se rallie au camp Topp. Jeudi midi, le site du magazine L'actualité affirmait que M. Saganash accorderait son appui à Brian Topp lors d'une allocution que le député d'Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou prononçait hier à Val-d'Or.En entretien avec Le Devoir, Roméo Saganash a affirmé hier que «tout le monde au sein du parti savait que je n'étais pas décidé [jeudi], incluant Brian Topp. Alors je n'ai pas changé d'idée, j'ai simplement poursuivi ma réflexion». Il a indiqué avoir reçu plusieurs appels de soutien dans les derniers jours et les dernières heures, assez pour le convaincre de tenter sa chance.
S'il s'attendait à ce que M. Saganash soutienne sa candidature, Brian Topp n'en a rien laissé paraître hier. À peine quelques minutes après l'annonce de l'ex-leader cri, M. Topp a salué l'arrivée de son collègue dans la course comme étant une «excellente nouvelle». «J'ai hâte de débattre et de travailler avec lui», a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Thomas Mulcair a quant à lui affirmé que l'arrivée de M. Saganash permettra «un échange d'idées encore meilleur» entre les candidats. Mais cela ne «change pas le processus de réflexion et de consultation» entrepris par M. Mulcair. Ce dernier dispose présentement de l'appui d'au moins sept députés québécois, mais les visages les plus connus de la députation québécoise — Françoise Boivin et M. Saganash — ont choisi d'autres camps.
Roméo Saganash a expliqué hier que la décision a été «très difficile à prendre». «Des matins, c'était oui, d'autres matins, c'était non», a-t-il confié. «Je sais que je m'engage dans un processus qui est très long et qui sera très difficile. Je vais faire face à des candidats d'une qualité exceptionnelle», dit le critique de l'opposition en matière de ressources naturelles (une fonction qu'il devra abandonner).
La route sera d'autant plus ardue que M. Saganash se lance sans équipe ni soutiens précis. Il désirait d'abord annoncer ses intentions pour signaler sa présence. Le député ne s'est pas fixé de date limite pour amasser les 15 000 $ nécessaires à sa candidature.
«Ça fait plus de 25 ans que je baigne dans la politique», explique Roméo Saganash pour situer sa candidature. «J'ai représenté les Cris jusqu'aux Nations unies, et cette expérience m'a appris beaucoup de choses. La plus importante, c'est qu'on peut et qu'on doit bâtir des ponts entre les cultures et les peuples. C'est absolument fondamental si on veut obtenir des résultats en politique. Jack Layton croyait à cette idée de bâtir des ponts. En ce sens, mon expérience peut servir le Canada et le monde», pense-t-il.
M. Saganash a notamment été au coeur des négociations qui ont abouti à la Paix des braves, de même qu'à l'adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il refuse toutefois qu'on le catalogue comme étant le candidat des autochtones, même s'il sait que la question reviendra souvent: «Je suis pas mal plus loin en terme politique, dit-il: Je veux être là pour représenter tout le monde.»