Fusion: Rae trouve trop divergente la position économique du NPD

Le chef intérimaire du PLC, Bob Rae
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir Le chef intérimaire du PLC, Bob Rae

Ottawa — Le chef par intérim du Parti libéral, Bob Rae, estime qu'une fusion entre sa formation et le Nouveau Parti démocratique n'est pas envisageable parce que les deux ont des idées trop divergentes sur les questions économiques. Il reproche au NPD de ne pas reconnaître que le marché et les entreprises ont un rôle légitime à jouer comme moteur de l'économie canadienne.

«Quand on parle de fusion, le NPD va-t-il abandonner le socialisme? Abandonner la notion que les syndicats ont des positions protégées, exaltées dans la structure du parti?» demande Bob Rae au cours d'une entrevue avec Le Devoir hier. Lors de la dernière course à la direction en 2003, les syndicats détenaient 25 % des droits de vote. M. Rae se targue d'avoir vécu dans les deux formations politiques, le NPD sur la scène provinciale ontarienne, et les libéraux au fédéral, et d'avoir pu constater de l'intérieur les divergences philosophiques.

«Pour moi, ces deux exemples veulent dire qu'on [...] ne partage pas le même point de vue. Ce qui est intéressant selon moi, c'est que même M. Layton et ses prédécesseurs n'ont jamais vraiment dit clairement — comme cela s'est fait dans beaucoup d'autres partis sociodémocrates en Europe —, franchement, sans compromis, qu'ils sont en faveur d'une économie basée sur le marché, qu'ils reconnaissent un grand avantage à la concurrence économique et que l'État a un rôle à jouer, mais pas par l'étatisation.»

Selon lui, cela fait du NPD un parti «conservateur» qui n'est pas ouvert aux nouvelles idées et à l'innovation. Mais croit-il sincèrement que les néodémocrates n'endossent pas le capitalisme? «Ça n'a rien à voir avec ça! rétorque Bob Rae. Accepter qu'on vit dans une économie de marché implique qu'on a besoin d'entreprises qui ont du succès, que le succès des banques et des grandes entreprises n'est pas une mauvaise chose. D'attaquer les corporations juste pour être là n'a pas de bon sens.» M. Rae ne le dit pas explicitement, mais il fait référence au thème électoral de feu Jack Layton qui s'en prenait régulièrement aux «grandes banques et aux grandes entreprises».

Cette attaque contre ses rivaux néodémocrates permet à Bob Rae ne marteler son message à nature économique qu'il véhicule depuis la fin de l'été. Il estime par ailleurs que le ministre des Finances, Jim Flaherty, devrait avoir «dans sa poche arrière» un second plan de relance si les turbulences se poursuivent.

Prudence financière

Bob Rae s'est par ailleurs prononcé sur les règles devant présider à la prochaine course à la chefferie du Parti libéral. Il veut éviter que se répète la situation insoluble dans laquelle se retrouvent encore sept candidats de la course de 2006. Ces candidats n'arrivent pas à rembourser leur dette de campagne qui totalise 827 000 $. Les règles électorales avaient été modifiées en cours de route en 2006 par le nouveau gouvernement conservateur: les candidats ne pouvaient plus récolter d'argent auprès des entreprises et le plafond imposé aux donateurs individuels était passé de 5000 $ à 1000 $.

Bob Rae estime que le Parti libéral devra imposer des plafonds de dépenses aux aspirants-chefs de 2013. «On venait de la culture du passé où on avait des attentes complètement irréalistes sur combien de gens on doit payer et combien d'employés on doit avoir.» Pas question, toutefois, de limiter le nombre de candidats dans la course et ainsi éviter que leurs dettes de campagne grugent les revenus du Parti. «Non, je n'aimerais pas voir une limite sur le nombre de candidats parce que ce serait artificiel.»

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