Projet hydroélectrique du Bas-Churchill - L'aide d'Ottawa soulève l'ire à Québec

Le fleuve Churchill, situé dans la région du Labrador, est au centre du projet hydroélectrique terre-neuvien.
Photo: Agence Reuters Greg Locke Le fleuve Churchill, situé dans la région du Labrador, est au centre du projet hydroélectrique terre-neuvien.

Québec — Le gouvernement Harper fait carrément la «sourde oreille» à la «vive opposition» du Québec au projet hydroélectrique du Bas-Churchill. C'est ce que conclut le gouvernement Charest après l'annonce par le fédéral, hier, d'une garantie de prêt pour ce projet conjoint de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Le Parti québécois, lui, n'a évoqué rien de moins que la réédition, «en plein jour», de la «nuit des longs couteaux».

Le ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes, Pierre Moreau, a rappelé, en entrevue avec La Presse canadienne, que plusieurs provinces, outre le Québec, s'opposent à cette décision d'Ottawa, notamment l'Ontario et le Manitoba. Il a refusé d'évoquer la possibilité d'un front de provinces opposées, mais a soutenu que tous les recours étaient envisagés.La garantie de prêt n'a pas encore été chiffrée, mais M. Moreau la juge «tout à fait inacceptable». À ses yeux, le gouvernement fédéral tente de faire passer cette annonce sous un couvert environnemental «mais c'est le financement d'un barrage». Or, le Québec a toujours payé ses barrages à même ses deniers. Bref, il y a là «concurrence déloyale» à Hydro-Québec sur les marchés d'exportation, puisque l'électricité terre-neuvienne se trouvera à être subventionnée; et entre autres par les impôts des Québécois.

La faute à Charest

Pendant la dernière campagne électorale, le Parti conservateur s'était déjà engagé à financer le projet du Bas-Churchill. Hier matin, le gouvernement Harper a fait un pas de plus en signant une entente de principe pour fournir la garantie de prêt pour les projets hydroélectriques de 6,2 milliards du cours inférieur du fleuve Churchill au Labrador. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent régler les termes de l'accord avant le 30 novembre.

Selon le Parti québécois, le gouvernement Harper se fout du Québec, qui se trouve «complètement ignoré», a déploré le porte-parole péquiste en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault. Et selon lui, c'est la faute du gouvernement Charest, qui a «laissé aller son rapport de forces», notamment en acceptant le nouveau cadre canadien en matière d'énergie. Il souhaite que le gouvernement traîne Ottawa devant la Cour suprême puisque l'intervention fédérale ne respecterait pas le partage des pouvoirs prévu par la Constitution. M. Moreau n'a pas voulu s'engager dans cette voie, mais a dit n'écarter aucun recours. Il attend les conclusions des analystes fédéraux, qui chiffreront en octobre la valeur de la garantie de prêt à accorder.

À Ottawa, l'opposition officielle néodémocrate a cautionné le coup de main d'Ottawa. Toutefois, le NDP a déploré une certaine forme d'iniquité, puisque seule la région de l'Atlantique profite de la mesure. Une porte-parole du bureau du ministre fédéral Christian Paradis a pour sa part laissé entendre que le Québec est tout aussi admissible à une aide financière dans ce domaine.

Le Bloc a pour sa part dénoncé et le gouvernement et le NPD. «À l'instar des conservateurs, le NPD, dont la majorité des députés proviennent du Québec, a tout bonnement décidé d'appuyer un projet qui en plus d'être inéquitable et injuste envers le Québec, viendrait concurrencer Hydro-Québec. Pour un parti qui prétend être à l'écoute des Québécois et des Québécoises, c'est plutôt raté!» a soutenu le porte-parole du Bloc québécois en matière de ressources naturelles et député de Richmond-Arthabaska, André Bellavance.

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Avec Le Devoir

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