«C'est mieux de refuser des gens que d'avoir de la difficulté à en attirer»

Stephen Harper a encore dû passer une partie de la journée d’hier à défendre son style de campagne.
Photo: Agence Reuters Chris Wattie Stephen Harper a encore dû passer une partie de la journée d’hier à défendre son style de campagne.

Le chef conservateur souhaitait parler de la reconnaissance des diplômes des immigrants, une mesure déjà annoncée dans le budget du 22 mars, mais il a plutôt passé une partie de la journée d'hier à se défendre encore une fois de l'autoritarisme de sa campagne électorale.

Depuis le déclenchement de la campagne, Stephen Harper ne rencontre aucun électeur qui ne soit pas un partisan conservateur dûment inscrit sur une liste. Contrairement à ses adversaires, il ne prend aucun bain de foule, ne répond à aucune question du public et n'accepte que cinq questions des journalistes par jour, médias régionaux compris.

Hier, La Presse canadienne révélait qu'une autre étudiante a été expulsée d'un rassemblement conservateur. Joanna MacDonald, une étudiante en sciences de l'environnement à l'Université de Guelph, a raconté s'être inscrite pour assister à l'événement, mais avoir été interceptée dès son arrivée. On l'a alors informée que son nom avait été placé sur une liste de personnes à exclure. «J'étais seulement curieuse et je voulais entendre ce que Stephen Harper avait à nous dire. Il est quand même le premier ministre du Canada, et j'avais des questions à lui poser», a expliqué la jeune femme de 21 ans.

Dimanche, deux étudiantes ont été priées par des policiers de quitter un événement du Parti conservateur à London, en Ontario. Une vérification du compte Facebook de l'une des jeunes femmes aurait laissé croire aux organisateurs qu'elle était une partisane du chef libéral Michael Ignatieff. La chaîne CTV rapportait hier un autre incident, alors qu'Ali Hamadi a été mis à la porte d'un rassemblement conservateur à London parce qu'il avait un collant sur sa voiture où il était écrit: «Don't blame me, I voted NPD.»

Hier, la Gendarmerie royale du Canada s'est d'ailleurs excusée d'avoir aidé les organisateurs conservateurs à expulser des étudiantes. «La GRC a aidé les organisateurs du parti à restreindre l'accès aux personnes non inscrites à cet événement privé. Ce n'était pas en concordance avec le mandat de la GRC, et les membres de la GRC ont eu un rappel de leurs responsabilités», peut-on lire dans le communiqué.

Interrogé par les journalistes lors de son passage à Markham, en Ontario, Stephen Harper a tenté d'esquiver le sujet. «C'est difficile pour moi de faire un commentaire sur un cas particulier. Ma préférence, c'est d'avoir des gens qui veulent écouter notre message», a déclaré le chef conservateur, ajoutant avec le sourire: «Je crois que c'est mieux de refuser des gens que d'avoir de la difficulté à en attirer.» Il ne s'est pas excusé.

M. Harper a aussi esquivé les questions sur les baisses d'impôt aux entreprises. Hier, une étude publiée dans le Globe and Mail faisait ressortir que les baisses d'impôt accordées aux entreprises n'ont pas incité celles-ci à investir au Canada. Elles ont plutôt fait des réserves avec l'argent économisé et n'auraient pas stimulé la croissance comme le prétendent les conservateurs.

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Avec La Presse canadienne

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