Gel des avoirs de Trabelsi - Ottawa reste de marbre malgré la réception de la demande

Ottawa — Le gouvernement canadien a bel et bien reçu le 24 janvier une demande formelle de la Tunisie lui demandant de geler les avoirs des membres de la famille du président déchu Ben Ali. Jusqu'ici, rien n'a toutefois été fait, et les autorités tunisiennes s'impatientent.

L'ambassadeur de la Tunisie à Ottawa, Mouldi Sakri, a ainsi demandé hier à Ottawa de procéder «rapidement» pour éviter que les biens «puissent disparaître», selon ce que rapportait l'Agence France-Presse. «La Tunisie a vraiment besoin de soutien aujourd'hui, notamment concernant le gel des avoirs et des biens bancaires que certains spoliateurs et criminels utilisent», a-t-il dit en ciblant le beau-frère de Ben Ali, Balhassen Trabelsi, réfugié à Montréal.

M. Sakri a indiqué avoir rencontré des responsables canadiens, mais il ne connaît pas l'état d'avancement du dossier. Et à Ottawa, c'est motus et bouche cousue sur la question.

Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a indiqué hier que le «gouvernement continuera de travailler avec les officiels tunisiens. Nous voulons nous assurer que justice est faite pour le peuple tunisien». Mais il n'a pas indiqué si la demande avait bel et bien été reçue, si le Canada accepte d'y répondre positivement et selon quels délais.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a lui aussi fait pression hier pour que le Canada agisse rapidement dans ce dossier, comme la Suisse l'a fait pour une demande similaire concernant les avoirs du clan Moubarak. «Ce sont des artistes et des spécialistes, des experts en matière d'évasion fiscale, a répété M. Duceppe. On leur laisse tout le temps pour que l'argent vogue vers les paradis fiscaux, et par la suite on dira qu'il n'y a plus d'argent.»

Le Bloc québécois demande donc un gel temporaire des avoirs de M. Trabelsi de manière à éviter que ses biens — dont une maison à Montréal — changent de mains. «La simple précaution, c'est de geler immédiatement», a-t-il dit.

La communication des autorités tunisiennes, transmise par l'ambassadeur au Canada, demande de «prendre les mesures nécessaires aux fins du gel, de la conservation des biens et fonds existants au Canada pour empêcher tout usage ou transfert de ces biens à des tierces parties».

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