Ottawa met la hache dans le comité spécial sur l'Afghanistan

Retour à la case départ chez les ministres responsables de la gestion de la mission canadienne en Afghanistan. Mardi, au moment où les yeux étaient tournés vers le remaniement ministériel, Stephen Harper a mis la hache dans le comité spécial du cabinet sur l'Afghanistan, en place depuis 2008.

L'information, révélée par l'agence Presse canadienne dans la journée hier, a été confirmée en soirée par le bureau du premier ministre. Le comité était dirigé par le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Les trois autres membres étaient Peter MacKay (Défense), Bev Oda (ACDI) et Jean-Pierre Blackburn (Anciens Combattants).

Les ministres se réunissaient une fois par semaine lorsque la Chambre des communes était en activité. Leur tâche était de coordonner tous les aspects de la mission canadienne dans ce pays en guerre, afin d'améliorer l'efficacité entre les ministères. Ce comité supervisait aussi la rédaction du rapport trimestriel sur la situation en Afghanistan et la réalisation des objectifs du Canada. Ce document public faisait état des progrès sur le terrain.

«Je confirme la fin du comité du cabinet sur l'Afghanistan», affirme Sara MacIntyre, attachée de presse de Stephen Harper. Elle explique que la fin de la mission de combat en juillet prochain ainsi que la réduction du contingent de soldats, qui passera de 3000 à moins de 1000 militaires, expliquent cette décision. «La mission de combat se transforme en mission d'entraînement des forces de sécurité afghanes, alors on fait nous aussi une transition. Le comité régulier du cabinet sur les affaires étrangères et la défense va prendre la relève concernant l'Afghanistan», dit-elle.

La sous-ministre à la tête de l'équipe de fonctionnaires issue de différents ministères, Greta Bossenmaier (qui a remplacé David Mulroney lorsque ce dernier est devenu ambassadeur en Chine l'an dernier), reste en poste pour gérer le dossier avec son équipe.

Un comité essentiel?

La création de ce comité ministériel en 2008 était l'une des principales recommandations d'un groupe d'experts mené par l'ancien ministre libéral John Manley. Ce groupe avait critiqué Ottawa pour son manque de planification et de coordination de la mission en Afghanistan. La présence d'une sous-ministre responsable du dossier était insuffisante pour une tâche aussi énorme et un comité spécial du cabinet devait voir le jour, disaient-ils. «Pour que le Canada puisse s'acquitter de ses engagements touchant l'Afghanistan, il faut imprimer une force politique comme seul un premier ministre peut le faire», écrivaient les cinq experts dans leur rapport remis en janvier 2008.

La mission de combat doit encore traverser six mois instables à Kandahar, alors que la nouvelle mission d'entraînement des forces afghanes durera près de trois ans, jusqu'en 2014, avec 950 soldats canadiens. La diplomatie et l'aide au développement vont également se poursuivre pendant cette période. Est-il trop tôt pour mettre fin au comité spécial du cabinet?

Difficile à dire, affirme Jocelyn Coulon, directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, à l'Université de Montréal. Il dit ne pas être étonné de cette décision, puisque la mission change de forme et de mandat. «C'est toujours mieux d'avoir une bonne coordination entre les ministères, il n'y a pas de doute. Mais est-ce qu'une autre forme de coordination est suffisante, compte tenu que la mission sera moins intense et moins dangereuse? Peut-être. On verra.»

M. Coulon rappelle toutefois que le comité spécial du cabinet mis en place lors de la guerre du Golfe par Brian Mulroney, au début des années 90, avait duré jusqu'à la fin de l'implication canadienne dans le conflit. Il s'agissait alors d'une guerre de grande ampleur, mais sur une courte période de temps.

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