L’achat de chasseurs furtifs par Ottawa: mauvaise idée, disent des experts

Un F-35
Photo: Lockheed Martin Un F-35

Les 65 chasseurs furtifs qui figurent sur la liste d’achats militaires d’Ottawa ne répondent pas à un besoin réel en matière de défense nationale, conclut un rapport déposé aujourd’hui par une agence de recherche indépendante.

Selon le Centre canadien de politiques alternatives, cette dépense — se chiffrant à des milliards de dollars — ne correspond pas aux besoins réels du Canada.

Ces appareils, que Steven Staples — l’un des auteurs du document — qualifie de «Cadillac volantes», ne seraient pas conçus pour les missions auxquelles le Canada doit se consacrer.
M. Staples, qui oeuvre pour le Rideau Institute, un groupe de recherche indépendant qui s’intéresse aux politiques de défense et d’affaires étrangères, estime que ces acquisitions sont dictées par les entrepreneurs en aviation et non par les besoins réels du Canada en matière de défense.

Le gouvernement espère que ces coûteux chasseurs furtifs pourront remplacer la flotte actuelle d’appareils CF-18, dont la durée de vie utile tire à sa fin.

Pour se doter de ces F-35 de cinquième génération produits par l’entreprise américaine Lockheed Martin, le gouvernement devra payer une facture historique de 16 milliards $, en incluant le contrat de maintenance de 20 ans.

Mais Steven Staples soutient que le Canada n’a pas besoin de ces chasseurs furtifs à la fine pointe de la technologie pour défendre l’espace aérien nord-américain.

«Ce qui est le plus important, c’est que nous bénéficions de temps. Nous devons changer notre façon de voir (nos besoins en matière d’aéronefs). Il n’est pas nécessaire d’avoir des avions pour des missions de bombardement et il n’y a pas de vraie menace de bombardements russes.»

M. Staples suggère que le Canada abandonne l’idée d’utiliser son armée de l’air à l’étranger et qu’il privilégie plutôt les missions de surveillance en Amérique du Nord. Et pour de tels mandats, il suffirait de prolonger la vie de la flotte actuelle d’appareils CF-18, selon M. Staples.

Le porte-parole libéral en matière de Défense, Dominic Leblanc, a accueilli favorablement les conclusions du rapport. «Il s’agit d’un achat colossal, l’acquisition la plus importante de l’histoire canadienne. Nous craignons que le gouvernement n’ait pas été honnête avec les Canadiens et que sans concurrence, nous n’obtenions ni le bon appareil, ni le prix juste, ni les meilleurs bénéfices pour l’industrie aérospatiale.»

Les libéraux ont d’ores et déjà annoncé que s’ils n’obtenaient pas de réponses satisfaisantes au sujet de ce contrat, ils s’y opposeront s’ils en ont l’occasion.

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