Recensement - Bernier veut aller encore plus loin

Ottawa — Le député conservateur de Beauce, Maxime Bernier, estime que son gouvernement ne va pas assez loin dans le dossier du recensement. Selon lui, le principe de la liberté de choix devrait s'appliquer à toutes les enquêtes d'Ottawa, y compris au recensement agricole, et que celles-ci devraient du coup devenir volontaires.
Comme le révélait Le Devoir mercredi, Maxime Bernier a défendu le recensement en août 2006 alors qu'il était ministre de l'Industrie. «Je peux vous assurer que toutes les informations récoltées pour le recensement sont nécessaires et utilisées à des fins statistiques seulement», écrivait-il à des citoyens s'étant plaints des questions posées dans le formulaire long. Il insistait sur le fait que les informations n'étaient accessibles qu'à un très petit nombre de personnes autorisées. Or, M. Bernier est depuis devenu un des plus ardents critiques du caractère obligatoire du recensement.«J'ai étudié la situation depuis ce temps et j'ai évolué», a-t-il reconnu hier en point de presse. «Je dis aux Canadiens pourquoi j'ai changé d'avis: je pense que la liberté de choix des Canadiens est plus importante que d'avoir des données très précises et qu'on peut se permettre une marge d'erreur plus grande pour respecter le principe de la liberté de choix.» M. Bernier voit dans ces lettres qu'il a signées la preuve que le gouvernement avait véritablement reçu des plaintes relatives au recensement en 2006.
Les Canadiens sont encore obligés de répondre à certaines questions du gouvernement fédéral. Par exemple, le recensement agricole, avec ses 201 questions, est lui aussi obligatoire et, contrairement au formulaire long du recensement général, le restera en 2011. Les agriculteurs qui refuseront de le remplir s'exposeront encore à une amende de 500 $ ou trois mois de prison. Pourquoi ce double critère, alors? Justement, Maxime Bernier ne comprend pas.
«Peut-être devrions-nous remettre en question toutes les autres enquêtes et l'utilisation du pouvoir coercitif de l'État», a dit M. Bernier hier. Il suggère de tenir «des audiences à travers le Canada» sur le sujet. «J'en fais un principe de liberté de choix et je pense qu'on devrait l'analyser. La décision qu'on a prise est tellement bonne qu'on pourrait peut-être s'en inspirer dans d'autres dossiers.»
Le recensement agricole pose aux agriculteurs du pays des questions extrêmement pointues sur la valeur de leurs terres, de leurs véhicules et de leurs équipements. Les agriculteurs doivent chiffrer tous les paiements gouvernementaux qu'ils touchent, leurs assurances et leurs frais vétérinaires, juridiques et bancaires. Ils doivent même détailler leurs frais de téléphone et d'électricité, en précisant s'ils ont accès à Internet haute vitesse. Ils doivent indiquer le nombre de travailleurs à leur emploi, le nombre d'heures travaillées et le salaire versé à chacun. C'est sans compter toutes les questions concernant la superficie des terres consacrée à chacune des cultures, les pratiques agricoles utilisées, l'épandage de fumier ou encore l'utilisation d'abeilles pollinisatrices et le statut de celles-ci (achetées ou en location).
Les conservateurs ont toujours dit qu'ils rendaient le recensement général volontaire à cause du caractère «intrusif» des questions, notamment celles portant sur le nombre de chambres à coucher que compte leur domicile ou le temps qu'il leur faut pour se rendre à leur travail. Le ministre de l'Industrie, Tony Clement, a seulement indiqué qu'il conservait le recensement agricole obligatoire parce que le gouvernement en avait besoin «pour aider les agriculteurs».