Sommet des «trois amigos» - Obama minimise l'effet du «Buy American» sur le Canada

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, le président mexicain, Felipe Calderon, et le président américain, Barack Obama, se préparent à prendre la photo de famille protocolaire.
Photo: Agence Reuters Le premier ministre canadien, Stephen Harper, le président mexicain, Felipe Calderon, et le président américain, Barack Obama, se préparent à prendre la photo de famille protocolaire.

Le sommet des dirigeants des trois pays de l'Amérique du Nord, à Guadalajara au Mexique, s'est soldé hier par plusieurs annonces communes illustrant une «coopération trilatérale» en bonne forme. Ce qui laisse toutefois en plan des contentieux à régler au sein de l'ALENA.

Guadalajara, Mexique — Le président américain, Barack Obama, a minimisé le mécontentement des Canadiens au sujet des clauses «Buy American» de son gouvernement, hier, alléguant que les plaintes quant au protectionnisme des États-Unis étaient exagérées.

M. Obama partageait la scène avec le premier ministre canadien, Stephen Harper, et le président mexicain, Felipe Calderon, lors de la conférence de presse de clôture du dénommé sommet des «trois amigos».

M. Obama a affirmé que le Canada et les États-Unis chercheraient à favoriser le libre-échange entre les provinces, les États et les villes. Il a cependant nié les critiques qui ont souvent été entendues au Canada selon lesquelles les Américains nuisent au commerce.

«Je tiens à vous assurer que votre premier ministre soulève cette question chaque fois que nous nous voyons», a souligné le président américain.

«[M. Harper] évoque les inquiétudes de son pays. Je crois qu'il est également important de mettre les choses en perspective: nous n'avons pas constaté de virement protectionniste», a-t-il maintenu.

M. Obama a certifié que les clauses «Buy American» — qui limitent l'accès des compagnies étrangères aux projets de construction financés par le plan de relance américain de 787 milliards $ US — étaient parfaitement légales.

Il a reconnu qu'il n'aimait pas ces mesures, mais, compte tenu du besoin de faire couler l'argent du plan de relance, il n'avait pas l'impression que cela justifiait une bataille qui aurait pu bloquer le projet de loi au Congrès. «Cela n'a d'aucune façon menacé le commerce de milliards de dollars qui s'opère entre les deux pays», a-t-il certifié.

Quant à l'avenir, M. Obama a laissé entendre que des mécanismes pourraient être adoptés en vertu desquels les États, provinces et villes libéraliseraient les pratiques d'approvisionnement «qui développent la relation commerciale».

Le premier ministre Harper s'est pour sa part réjoui du front commun formé entre les premiers ministres des provinces et territoires, cette semaine lors du Conseil de la fédération, lorsqu'ils se sont entendus sur le libre-échange entre les provinces et États. Il a indiqué que le dossier serait désormais pris en charge par les ministres fédéraux, les fonctionnaires et les dirigeants des deux pays.

Priorités communes

Sur d'autres fronts moins contestés, les trois leaders ont fait front commun face à la conjoncture économique internationale difficile, soulignant que des signes de reprise ont été signalés aux États-Unis: la relance «est une priorité pour chacun de nous», ont-ils affirmé dans un communiqué commun.

C'est ensemble qu'ils vont lutter «en tant que région» contre le changement climatique et qu'ils poursuivront leur «collaboration étroite face à la pandémie du virus A(H1N1)», en prévision d'une éventuelle nouvelle offensive de la grippe porcine à la fin de cette année.

Leur «coopération trilatérale» s'est déjà exercée au printemps dernier au moment de l'apparition du virus au Mexique et ils veilleront à mettre en oeuvre «des stratégies efficaces, basées sur le meilleur apport scientifique disponible».

Il reste toutefois des contentieux à régler au sein de l'ALENA. MM. Obama et Calderon vont travailler à résoudre le différend douanier entre les camionneurs mexicains et les autorités américaines, et tenter de progresser dans la régularisation des quelque six millions de Mexicains vivant en situation illégale aux États-Unis.

Quant à M. Harper, il pourrait «adoucir» l'imposition récente d'un visa d'entrée aux Mexicains, décidée pour limiter les demandes d'asile au Canada. Mais pas avant que le système canadien d'immigration n'ait été «réparé».

Sur le plan international, les trois hommes ont apporté leur appui au président Manuel Zelaya, qui «demeure le président démocratiquement élu» au Honduras, a réaffirmé le président américain Barack Obama.

Contre les cartels de la drogue, les trois pays entendent renforcer leur coopération, car ils représentent «un défi commun», a souligné M. Harper.

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