Ottawa devra faire davantage, avertit le nouveau chef de l'APN

Shawn Atleo a été élu chef national de l’Assemblée des Premières Nations.
Photo: Agence France-Presse (photo) Shawn Atleo a été élu chef national de l’Assemblée des Premières Nations.

Calgary — À l'issue d'une élection-marathon qui a nécessité huit tours de scrutin, un leader autochtone originaire de la Colombie-Britannique est devenu hier le nouveau porte-parole des Premières Nations.

Tandis que flottait en arrière-plan la musique de chants autochtones, Shawn Atleo, de la nation Ahousaht, a été assermenté à titre de chef national de l'Assemblée des Premières Nations. Il succède à Phil Fontaine, qui avait choisi de ne pas solliciter un quatrième mandat de trois ans.

Des applaudissements, des acclamations et des battements de tambour ont résonné durant la cérémonie d'assermentation, avant que l'homme de 42 ans, marié et père de deux grands enfants, ne livre son premier discours.

«Il y a beaucoup de travail à faire», a déclaré M. Atleo aux membres de l'Assemblée. «Le temps est venu pour nous, à titre d'autochtones de ce pays, de prendre la place qui nous revient. Le temps est venu de nous assurer que les traités soient mis en application. Le temps est venu de nous assurer qu'une enquête publique soit instaurée pour faire la lumière sur toutes ces femmes qui ont disparu ou qui sont décédées.»

Plus jeune des cinq candidats inscrits au premier tour de scrutin, M. Atleo est le premier chef élu par l'Assemblée des Premières Nations à provenir de la Colombie-Britannique en 33 ans.

Détenteur d'une licence en éducation des adultes et en changement mondial de l'Université de la technologie de Sydney, en Australie, M. Atleo a occupé des postes importants dans sa province, notamment auprès des familles autochtones aux prises avec des problèmes de dépendance.

À l'instar de Phil Fontaine, M. Atleo a été actif sur la scène internationale, contribuant notamment à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples indigènes. Il a également mené une délégation visant à appuyer les efforts de relance et de reconstruction des communautés indigènes de l'Indonésie, à la suite du tsunami du 26 décembre 2004.

Le chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, s'est réjoui de cette élection et a apporté son soutien à M. Atleo.

Désistement

M. Atleo a dominé chacun des tours de scrutin, mis à part le quatrième, à l'issue duquel il y avait égalité. Lors du huitième tour, M. Atleo a obtenu un peu plus de 58 % des votes, en deçà du minimum requis de 60 % pour couronner un vainqueur.

Mais son rival, Perry Bellegarde, un ancien leader de la Fédération des nations autochtones de la Saskatchewan, s'est dirigé vers

M. Atleo, lui a donné une étreinte et a concédé la victoire même s'il avait auparavant indiqué qu'il n'abdiquerait pas.

Après le premier tour de scrutin, M. Atleo avait obtenu la faveur de 43 % des votants, comparativement à 29 % pour M. Bellegarde. Mais John Beaucage, qui occupait le troisième rang avec

15 % des votes, s'est retiré et ses partisans se sont alors tournés vers M. Bellegarde.

Les candidats récoltant moins de 15 % des votes étaient automatiquement éliminés.

Quelque 550 chefs et aînés de toutes les régions du pays ont commencé à voter mercredi matin, mais le nombre de délégués ayant choisi de rester sur place a graduellement diminué au fur et à mesure que le processus se prolongeait.

«Il s'agit d'un bien mince effort lorsque nous le comparons aux souffrances de notre peuple et à ce qu'il doit endurer jour après jour. C'est quelque chose que nous ne devons pas perdre de vue. Nous ne le perdrons pas de vue», a promis M. Atleo, dans ce qui semblait être un effort pour encourager les délégués à voter.

Rôle du gouvernement

Le nouveau chef a affirmé qu'il exigera du gouvernement fédéral qu'il appuie ses excuses dans le dossier des pensionnats en assurant un plus grand soutien encore aux peuples autochtones. «Nous devons partager une détermination à toute épreuve pour rendre les gouvernements responsables de leurs décisions», a souligné M. Atleo.

Le ton emprunté par le nouveau chef national n'a pas empêché le premier ministre Stephen Harper de le féliciter et de l'assurer de sa pleine et entière collaboration.

«Il est plus important que jamais que le gouvernement et la direction des Premières Nations travaillent ensemble pour trouver des solutions et produire des résultats véritables, pratiques et concrets pour les peuples autochtones. Seuls un dialogue significatif, des responsabilités communes et la bonne foi nous permettront d'y arriver», a indiqué

M. Harper dans un communiqué.

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