Protégé de Steven Bonspille - Paul Nicolas, nouveau grand chef de Kanesatake
Paul Nicolas, protégé du chef sortant, Steven Bonspille, est le nouveau grand chef du territoire mohawk de Kanesatake. Son équipe comblera aussi quatre des six postes au Conseil de bande. Il est sorti vainqueur de l'élection tenue samedi dernier en récoltant plus de la moitié des votes. Ses adversaires étaient Clarence Simon, bras droit de James Gabriel, l'ancien grand chef, et Veronica Montour.
La nouvelle situation politique sera très différente de celle issue des élections précédentes, en juin 2005, alors que Steven Bonspille avait été élu grand chef, mais que tous les membres du Conseil de bande étaient des partisans de James Gabriel, ce qui avait rendu la situation difficile pour M. Bonspille. Clarence Simon avait déclaré à La Presse que les trois dernières années au Conseil de bande avaient été un véritable «enfer». «Tout a stagné en raison de la division entre Steven Bonspille et le reste de l'équipe, dit-il. Kanesatake est un paradis pour les criminels. On a essayé de faire changer les choses, de combattre les trafiquants de drogue en ramenant la police mohawke, mais Bonspille ne voulait rien savoir.»Un des principaux enjeux de l'élection était la création d'un corps policier autochtone. Depuis 2004, c'est la Sûreté du Québec, avec l'aide de la GRC, qui patrouille le territoire. La communauté demeure divisée depuis l'opération policière menée en janvier 2004, durant laquelle la maison de James Gabriel avait été incendiée.
Peur
À cette époque, M. Gabriel désirait remplacer la police mohawke, qu'il jugeait corrompue par un corps composé de policiers autochtones venant de l'extérieur de la réserve. «Les gens ne veulent pas dire pour qui ils votent, de peur de subir des représailles si la personne qu'ils appuient n'est pas élue. C'est une élection très polarisée. Les gens sont fébriles», a déclaré un électeur qui a préféré taire son nom.
Aux yeux de M. Simon, il fallait ramener le plus vite possible la police autochtone. De leur côté, M. Nicolas et Mme Montour indiquaient qu'il était plus important de s'occuper des problèmes en éducation avant de se préoccuper du retour de la police. «Le gouvernement continue de nous tenir en otages en réduisant les fonds en éducation. On dépense 30 millions de dollars pour la sécurité, mais pas grand-chose pour éduquer nos jeunes», a martelé celle qui aurait pu devenir la première grande chef de Kanesatake.
En tout, 22 candidats étaient en lice pour devenir l'un des six chefs, un poste semblable à celui de conseiller municipal. Quelque 650 des 1400 électeurs inscrits se sont prévalus de leur droit de vote.
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Avec la Presse canadienne