Recrutement en 2007-08 - 6700 Canadiens se sont engagés dans l'armée régulière

Photo: Pascal Ratthé

Ottawa — Le recrutement des Forces canadiennes a connu une bonne année 2007-08 dans le cas de la force régulière, mais une moins bonne année en ce qui concerne la réserve. Poussé par une campagne de publicité soutenue qui a coûté près de 16 millions de dollars l'an dernier, le recrutement de la force régulière a donc atteint l'ambitieuse cible visée.

Selon les informations obtenues par Le Devoir hier, la force régulière a recruté 6716 personnes entre le 1er avril 2007 et le 31 mars 2008, une hausse de 2,8 % comparativement à l'année précédente, qui était déjà une bonne année. L'objectif pour 2007-08 a été atteint à 98 %, puisque l'armée souhaitait recruter 6800 personnes.

Dans le cas des réservistes, les résultats ont été un peu moins positifs. Ainsi, 5758 personnes ont grossi les rangs de la force de réserve en 2007-08, une chute de 9 % par rapport à 2006-07 (6326 personnes s'étaient alors enrôlées dans la réserve). L'objectif n'a pas été atteint, puisque les Forces canadiennes souhaitaient recruter là aussi 6800 personnes.

Dans les coulisses du ministère de la Défense, on est content des résultats. «On recrute beaucoup malgré l'Afghanistan et une économie canadienne en pleine forme», a soutenu une source militaire qui a requis l'anonymat. Le gouvernement souhaite faire passer la force régulière de 65 000 à 70 000 soldats sur une période de 20 ans. La réserve passerait quant à elle de 24 000 à 30 000 personnes.

«On a réussi à atteindre nos objectifs dans les dernières années grâce à une plus grande visibilité», a expliqué la lieutenante Isabelle Riché, porte-parole des Forces canadiennes. L'armée canadienne n'a pas seulement mis en ondes des publicités télévisées fort remarquées, elle a aussi procédé à une refonte de son site Internet, notamment de la page d'accueil des citoyens souhaitant s'informer pour devenir des militaires. Les Forces ont aussi fait la promotion de l'enrôlement dans les salles de cinéma, dans différents sites Internet et pendant des activités ciblées, comme la coupe Grey.

L'attrition, un problème

En fait, le problème de l'armée n'est pas le recrutement, mais bien les départs à la retraite et les changements prématurés de carrière. L'armée, tout comme la société, vieillit. La rétention du personnel d'expérience sera d'ailleurs l'un des gros défis du mandat de Walter Natynczyk, le nouveau chef d'état-major de la Défense. En 2006-07, le taux d'attrition dans la Force aérienne et la Force maritime était d'environ 8 %. Par contre, la Force terrestre a vu près de 13 % de ses soldats partir à la retraite ou quitter l'armée.

«Pour chaque recrue qui arrive, l'armée perd un soldat d'expérience. Les Forces canadiennes maintiennent leur taille, mais la qualité diminue», dit Jack Granatstein, chercheur au Canadian Defence and Foreign Affairs Institute, à Toronto.

Le départ des hauts gradés rend la formation des nouvelles recrues plus difficile. La mission en Afghanistan draine aussi les instructeurs les plus expérimentés, qui ne sont pas disponibles pour intégrer les milliers de nouveaux arrivants. Il faudra trouver un moyen de garder plus longtemps les officiers qualifiés dans les rangs militaires, dit Jack Granatstein. La mission en Afghanistan permet toutefois à beaucoup d'officiers d'apprendre leur métier en accéléré.

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