Harper parle biodiversité
Rome — Le premier ministre Stephen Harper a prononcé hier à Bonn le premier de deux discours visant à faire la promotion auprès de l'Union européenne des efforts du Canada pour protéger son environnement.
Dans le cadre de la Conférence de l'ONU sur la biodiversité, le chef du gouvernement a rappelé que le Canada avait été le premier pays industrialisé à ratifier la Convention sur la biodiversité, en 1992, et qu'il abritait toujours le secrétariat responsable de sa mise en application.«Le Canada travaille fort pour bâtir et agrandir son réseau de zones protégées. Jusqu'à présent, 10 % de la masse terrestre du Canada — une zone plus grande que la France et l'Allemagne combinées — et trois millions d'h ectares d'eaux océaniques sont protégés par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux», a-t-il insisté.
Le premier ministre a par ailleurs souligné qu'il avait fait de l'Arctique l'une des priorités de son premier mandat.
M. Harper doit aussi s'adresser aujourd'hui à la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni, à Londres, pour défendre la stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de son gouvernement.
Ces discours et les rencontres bilatérales du premier ministre avec les dirigeants de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et du Royaume-Uni revêtent une importance particulière à l'approche du sommet du G8, qui aura lieu au Japon en juillet.
Le Canada risque en effet de se retrouver une nouvelle fois critiqué sur la question fondamentale des changements climatiques. Tant l'ONU que l'UE ont en effet dénoncé le plan vert du gouvernement Harper, qu'elles jugent nettement insuffisant.
À Bonn, des groupes écologistes, dont Greenpeace, sont allés plus loin et ont placé le Canada parmi les empêcheurs de tourner en rond non seulement en ce qui concerne les GES mais aussi pour les biocarburants, la biodiversité agricole et forestière, le partage des revenus des ressources naturelles et les droits des peuples autochtones.
D'après l'organisme CDBAlliance, qui regroupe des organismes de la société civile intéressés par la biodiversité, le seul domaine dans lequel le Canada joue un rôle de leader est celui des aires marines protégées.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est plus nuancée. Pour son directeur adjoint, William Jackson, le pays a effectivement des positions très fermes et ne se gêne pas pour les faire connaître.
«Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils bloquent des choses. Ils expriment leur point de vue et je crois qu'ils ont de bonnes raisons de le faire. C'est le but des négociations», a-t-il confié.
Des félicitations
Le ministre de l'Environnement, John Baird, qui accompagne M. Harper dans sa tournée, a minimisé ces critiques. Il dit n'avoir reçu que des félicitations pour son travail. «On a fait de vrais efforts chez nous et on fait la promotion des vrais efforts partout dans le monde. C'est très important», a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
La conférence de Bonn réunit depuis la semaine dernière des représentants des pays signataires de la convention de 1992. Après avoir laissé libre cours aux discussions de coulisses pendant une semaine, les chefs d'État ont commencé à défiler hier dans l'ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest.
Outre la chancelière Angela Merkel, hôtesse de l'événement, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a pris la parole en matinée.
M. Barroso souhaite que la conférence se solde par un engagement ferme des parties à la convention à agir et à financer la protection de la diversité dans les pays moins favorisés. «Il est temps de redoubler d'efforts», a-t-il martelé.
L'Allemagne a donné l'exemple en annonçant qu'elle consacrait 500 millions d'euros (environ 800 millions de dollars) à la cause.
Le ministre Baird, qui s'est aussi adressé à l'assemblée, a pour sa part annoncé l'octroi de 50 000 $ pour un groupe de travail sur le partage des richesses.
Après son discours, le premier ministre a rencontré Mme Merkel, avec laquelle il a notamment parlé des changements climatiques, de la situation économique mondiale, de la possibilité d'un partenariat économique Canada-UE ainsi que la mission militaire en Afghanistan. M. Harper n'a pas fait de commentaires aux médias canadiens hier.
Le premier ministre effectuera aujourd'hui la dernière étape de son périple européen en allant dans la capitale britannique pour rencontrer la reine Elizabeth II ainsi que le premier ministre Gordon Brown.