Le NPD plaide pour une Bourse du carbone
Ottawa — Le NPD a proposé hier de créer au Canada un marché de crédit des émissions de gaz à effet de serre (GES), aussi appelé Bourse du carbone, avec un prix élevé pour chaque tonne de GES. Un tel système permettrait de faire diminuer les GES de 40 % d'ici 2020 par rapport au niveau de 2005, soutiennent les néo-démocrates. La baisse d'ici 2050 serait de 8 %.
Le NPD rejette l'idée d'imposer une taxe sur le carbone pour parvenir à ses fins, une mesure qui sera bientôt proposée par le Parti libéral du Canada, avec l'appui de plusieurs groupes environnementaux. Le NPD estime qu'une taxe sur le carbone punira les plus pauvres de la société et qu'un marché de crédit des GES est suffisant pour discipliner les entreprises. Dans ce domaine, le débat ne fait que commencer.Un tel marché des crédits de GES est en place en Europe. Au Canada, les conservateurs ont annoncé la création d'un mécanisme semblable interne au pays, mais basé sur la réduction de l'intensité des émissions et non pas sur des cibles absolues de GES, contrairement à l'Europe. Le protocole de Kyoto exige lui aussi des cibles absolues pour réduire les GES, ce que le gouvernement Harper a rejeté.
Un mécanisme hybride
Pour aider la future Bourse du carbone à prendre son envol, le NPD propose que le gouvernement canadien mette lui-même sur le marché des crédits représentant 75 millions de tonnes (megatonne ou MT) de GES à la disposition des entreprises polluantes qui devront acheter des crédits. Cet influx de crédits permettrait au marché de bien décoller, soutient le chef-adjoint du NPD, Thomas Mulcair.
Les entreprises auraient donc le choix, du moins au début, d'acheter des crédits du gouvernement à un prix fixe ou des crédits de la Bourse du carbone à la valeur marchande.
Le NPD propose que les crédits vendus par le gouvernement aux entreprises aient une valeur de 35 $ la tonne de GES. Si les 75 MT ne trouvent pas preneurs la première année, le NPD propose de réévaluer la valeur de la tonne de GES du gouvernement en fonction du prix sur le marché des crédits.
La vente de ces 75 MT à 35 $ la tonne permettrait au gouvernement d'amasser un peu plus de 2,5 milliards de dollars. L'argent serait réinvesti «dans le développement de technologies vertes» et dans des «stratégies pour en réduire les coûts pour les consommateurs», a soutenu le chef du NPD, Jack Layton, hier.
«Il faut, dans ce pays, qu'il y ait un prix sur le carbone le plus rapidement possible, a dit Jack Layton. Il est temps que les pollueurs paient leur part».