Rapport du commissaire fédéral à l'environnement - Bleu ou rouge, le gouvernement n'est jamais assez vert
Ottawa — Peu importe qu'il passe du bleu au rouge en fonction du parti élu à la tête du pays, le gouvernement fédéral n'est visiblement pas encore assez vert, souligne un rapport déposé aux Communes hier.
En dépit des améliorations apportées au cours des années et des préoccupations grandissantes du public pour les questions environnementales, le gouvernement échoue en matière de protection de l'environnement, se désole le commissaire à l'environnement, Ron Thompson.Il dresse un «tableau décevant» pour neuf des quatorze secteurs analysés par son équipe qui effectuait un suivi de recommandations déjà formulées par le passé à la suite de vérifications. Le verdict est clair: malgré des promesses, Ottawa a fait fi de la majorité des recommandations du commissaire.
«Dans chaque cas, nous observons un manque d'engagement de la haute direction et un financement souvent inadéquat», peut-on lire dans le rapport.
Le constat est alarmant dans le domaine de la protection des écosystèmes, où les exemples sont frappants.
«Selon le gouvernement, la détérioration et la perte des habitats est la plus grande menace pour les plantes et les animaux du Canada, a déclaré M. Thompson en conférence de presse. Le gouvernement s'est engagé il y a plusieurs années à s'attaquer à ces questions, mais il n'a pas tenu ses engagements.»
Ainsi, les preuves sont faites que les espèces aquatiques envahissantes ont des impacts économiques et environnementaux majeurs, mais le gouvernement tarde à mettre en place des mesures pour prévenir la contamination, stopper la propagation ou encore éradiquer les espèces non désirées en eaux canadiennes.
Même les risques posés par ces voyageurs illicites des mers «n'ont pas été adéquatement évalués ni efficacement gérés». De 160 espèces envahissantes identifiées en 2002 dans les Grands Lacs seulement, leur nombre est passé à 185.
«Ces espèces arrivent au pays plus rapidement que le gouvernement ne peut les évaluer», a constaté M. Thompson en conférence de presse.
La vérification permet aussi de constater que les aires fédérales protégées ne sont pas surveillées suffisamment et Environnement Canada reconnaît ne pas leur consacrer les ressources humaines et financières nécessaires pour les préserver.
Le rapport cite comme exemple la réserve nationale de Cap-Tourmente dans la région de Québec. «On y fait la surveillance des oiseaux migrateurs, mais les données sur les végétaux, les mammifères et les poissons de ce site sont toujours incomplètes», note-t-on.
De plus, les 389 espèces en péril, malgré l'adoption d'une loi en 2002, ne sont toujours pas répertoriées dans un inventaire détaillé comportant des données sur le nombre et la répartition de chaque espèce. Et seulement 55 des 228 espèces en péril pour lesquelles des programmes de rétablissement devaient avoir été élaborés avant juin 2007 ont fait l'objet d'un tel exercice.
«Le gouvernement viole sa propre loi», a souligné M. Thompson.
Et l'avenir n'est pas plus rassurant. En 2001, le commissaire à l'environnement mettait en garde les autorités contre les sérieux problèmes que pourraient causer les poissons génétiquement modifiés dans la nature. La sonnette d'alarme a résonné dans le vide.
De façon générale, le gouvernement a beau promettre des solutions, les engagements ne demeurent que «de belles paroles», a résumé Ron Thompson.
Le rapport note aussi que le gouvernement, l'un des plus grands consommateurs du pays, a encore un «long chemin à parcourir» pour pouvoir se dire chef de file des pratiques vertes dans ses opérations quotidiennes.