Censure d'État: le Sénat étudiera à nouveau le projet de loi controversé
Ottawa — Oui, mais non. Le Parlement fédéral a envoyé des messages contradictoires hier concernant la censure d'État au cinéma. Le Sénat à majorité libérale s'est engagé à reprendre les audiences publiques afin d'entendre l'avis de l'industrie tandis que la Chambre des communes a rejeté une motion du Bloc québécois demandant au gouvernement d'amender sa loi.
La motion bloquiste a été défaite à 74 voix contre 206. Ce revers a été facilité par les libéraux, qui se sont pour l'occasion rangés dans le camp conservateur, même s'ils s'opposent à la disposition tant contestée de la loi C-10. Le chef Stéphane Dion n'était pas présent.Les libéraux ont défendu cette apparente contradiction. «On n'appuie pas la censure!, a lancé le député Mauril Bélanger. Ce qu'on vous dit, c'est qu'on veut trouver une façon plus efficace et peut-être même plus rapide. De demander au gouvernement de respecter l'opinion de la Chambre, on a eu moult exemples déjà que le gouvernement s'en fiche carrément, de l'opinion de la Chambre!»
La motion bloquiste demandait au gouvernement de retirer de son projet de loi le passage stipulant que les oeuvres «contraires à l'ordre public» ne recevraient plus de crédits d'impôt fédéraux. Les motions de la Chambre des communes n'ont pas force de loi.
Les libéraux ont préféré agir au Sénat, où le projet de loi C-10 est encore à l'étude. Les sénateurs ont décidé de reprendre les audiences publiques pour entendre les intervenants sur ce passage. Le court passage en question de ce volumineux et touffu projet de loi avait d'abord passé inaperçu. «Un communiqué va partir du comité sur les banques et le commerce dès aujourd'hui pour appeler l'industrie et toutes les personnes intéressées à se présenter et à faire entendre leur voix sur le projet de loi», a expliqué Céline Hervieux-Payette, sénatrice libérale et lieutenante politique de Stéphane Dion au Québec.