Censure: un retour à la Grande Noirceur, dit Jean Lapointe
Ottawa — Le projet de loi conservateur qui suggère de modifier les règles de financement des productions de films pour exclure celles qui contreviennent à «l'ordre public» est une «aberration», dénonce l'acteur et sénateur Jean Lapointe, qui n'a pas l'intention de demeurer silencieux face à une mesure qui lui rappelle l'époque de la Grande Noirceur.
En fait, lorsqu'il a entendu parler de la controverse autour de la mesure, M. Lapointe n'a pu s'empêcher de penser à un homme politique qu'il a déjà incarné au petit écran: l'ancien premier ministre du Québec Maurice Duplessis, qui n'était pas étranger à la censure.«C'est une aberration totale», lâche d'entrée de jeu M. Lapointe, en entrevue à La Presse canadienne.
«C'est retourner à la Grande Noirceur, aux années où le gouvernement contrôlait tout ce qui se produisait sur le plan cinématographique et artistique.»
Experts et représentants du monde artistique critiquent, depuis une semaine, un projet de loi du gouvernement qui stipule que les productions cinématographiques «contraire à l'ordre public» pourraient être privées de crédits d'impôt.
Le gouvernement se défend de jouer au censeur. La ministre du Patrimoine, Josée Verner, affirme que la mesure ne vise qu'à limiter les subventions pour les productions «au contenu extrême et tout à fait inacceptable».
Plus encore, la ministre Verner fait valoir que les nouvelles règles fiscales avaient été pensées d'abord sous un gouvernement libéral. C'est ce qu'a confirmé l'ancienne ministre libérale Sheila Copps au Devoir.
Mais rien de tout cela ne semble rassurer Jean Lapointe. À son avis, la petite phrase glissée par le gouvernement conservateur dans un volumineux projet de loi portant sur les crédits d'impôt ouvre la porte à un contrôle du gouvernement sur la production cinématographique.