Au tour d'Ottawa d'autoriser Rabaska

Québec — Neuf mois après le BAPE et cinq mois après le gouvernement du Québec, c'était hier au tour du gouvernement conservateur de donner son aval au projet Rabaska. Ne reste plus au promoteur qu'à signer un contrat avec un fournisseur de gaz naturel pour lancer le chantier cet été.

Au terme d'un long examen coordonné par le ministère des Transports et Pêches et Océans, le gouvernement a finalement approuvé par décret le projet de terminal méthanier qui permettra d'importer du gaz naturel liquéfié à partir de Lévis, sur la rive sud de Québec.

Ottawa a fait connaître sa décision avec une certaine discrétion par une note diffusée en après-midi sur le site Web du conseil privé. Plutôt que de donner la parole aux ministres concernés, on a laissé au député du coin, Steven Blaney, le soin de commenter la décision. «C'est un projet dans lequel il n'y a pas de deniers publics. C'est pour cela peut-être qu'il n'y a pas nécessairement lieu de faire d'annonces publiques puisque c'est un promoteur privé qui doit se conformer aux exigences légales et environnementales», a soutenu à ce propos le représentant du comté de Lévis-Bellechasse.

Le processus a été particulièrement long du côté d'Ottawa, avec un délai de neuf mois suivant le dépôt du rapport du BAPE qui avait été produit par une commission conjointe des deux ordres de gouvernement. «Il faut comprendre qu'il y a eu un certain délai à cause des consultations faites auprès des autochtones», de préciser M. Blaney à propos d'une requête de la nation malécite.

La décision du fédéral a évidemment été bien accueillie par le promoteur et les milieux d'affaires. Parlant d'«une autre importante et décisive étape», les représentants de Rabaska ont rappelé qu'ils n'avaient toujours pas conclu d'entente d'approvisionnement avec un fournisseur de gaz naturel. «Nous sommes confiants de franchir bientôt la dernière étape, tout aussi cruciale avant la construction, c'est-à-dire la conclusion de contrats en vue d'assurer un approvisionnement à long terme en gaz naturel liquéfié au terminal», a déclaré par voie de communiqué Glenn Kelly, le représentant du consortium composé de Gaz de France, Gaz Métro et Embridge.

Au téléphone, un autre porte-parole, Simon Poitras, a soutenu que les discussions «avançaient bien» et que le géant russe Gazprom n'était pas le seul fournisseur avec lequel Rabaska négociait. Impossible toutefois d'assurer à cette étape-ci que le chantier sera ouvert comme prévu cet été. «Évidemment, notre priorité est de sécuriser l'approvisionnement dès que possible», de répondre M. Poitras.

Quant au collectif d'opposants Stop au méthanier, il ne semblait pas prêt hier à passer à autre chose. «Le vrai visage de Rabaska va finir par se révéler», plaidait Jacques Levasseur. «Le projet qu'on a autorisé, ce n'est pas celui qui va fonctionner. Est-ce que tout le monde va être d'accord avec le fait qu'on s'approvisionne avec du gaz de Russie au lieu du gaz canadien avec tout ce qui se passe là-bas? Je n'en suis pas convaincu.»

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