Afghanistan: la reconstruction connaît des ratés, selon un patron de l'ACDI
Kandahar — Un vice-président de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) a déclaré hier que tout ne se passe pas tel que souhaité dans la mission de reconstruction de l'Afghanistan.
Stephen Wallace, vice-président de l'équipe spéciale sur l'Afghanistan de l'ACDI, a déclaré au cours d'une entrevue exclusive à La Presse canadienne que la lenteur des progrès effectués dans ce pays n'était pas exclusivement due à des raisons de sécurité. Il a expliqué que l'un des défis rencontrés par son organisme était de découvrir ce qui fonctionnait vraiment sur le terrain.«Quand vous menez 50 projets de front, comme le fait le Canada en Afghanistan, certains fonctionnent très bien, tandis que d'autres fonctionnent moins bien, a-t-il déclaré depuis son bureau de Gatineau. Qu'est-ce que vous faites avec ça? Vous mettez fin aux projets qui ne fonctionnent pas et vous injectez les fonds dans des projets qui fonctionnent.»
Le Canada dépensera plus de 100 millions par année jusqu'en 2011 pour venir en aide à l'Afghanistan par le truchement de l'ACDI ainsi que d'autres organismes gouvernementaux. Environ 65 % de cette somme est administrée par des agences internationales, qui financent les travaux de reconstruction du gouvernement afghan.
Le reste de cette somme est investie auprès d'organismes non gouvernementaux, qui s'occupent de projets d'aide humanitaire élémentaire ainsi que de formation.
M. Wallace a ajouté que le Canada apprenait sa leçon sur la manière d'attribuer les fonds de la meilleure façon qui soit, mais que c'était un long processus. Il indique toutefois que les succès obtenus aident autant la communauté d'entraide que les militaires à apprendre comment mieux faire les choses.
Au cours des dernières années, l'ACDI a appris qu'il était impossible de faire quoi que ce soit au chapitre de l'aide humanitaire sans obtenir l'appui de la communauté.
«À moins d'être prêt à utiliser le système afghan pour répondre aux besoins de la population afghane, vous échouerez souvent, précise M. Wallace. Et vous ne serez pas en mesure d'assurer la survie des projets qui connaissent du succès.»
M. Wallace dit ne jamais avoir été confronté, en 30 ans de carrière en aide internationale, à un défi aussi important que celui que représente l'Afghanistan.