4,6 milliards pour 17 avions destinés à l'armée

Le C-130J est le nouveau modèle destiné à remplacer la flotte vieillissante des Hercules, eux aussi construits par Lockheed Martin.
Photo: Agence Reuters Le C-130J est le nouveau modèle destiné à remplacer la flotte vieillissante des Hercules, eux aussi construits par Lockheed Martin.

Le gouvernement Harper annoncera cet après-midi qu'il a conclu un contrat avec Lockheed Martin pour l'achat de 17 avions de transport militaire C-130J, au coût total de 4,6 milliards de dollars. Combien l'industrie aérospatiale québécoise touchera-t-elle de cette manne en retombées économiques? La question demeure ouverte.

Ottawa — Le gouvernement Harper annoncera cet après-midi à Ottawa qu'il a finalement conclu un contrat avec le géant américain Lockheed Martin pour l'achat de 17 avions de transport tactique C-130J. Selon les informations obtenues par Le Devoir, le montant du contrat serait de

3,6 milliards de dollars. Une somme à laquelle le gouvernement devra ajouter environ un milliard de dollars pour l'entretien sur 20 ans des appareils.

Les négociations avec Lockheed Martin sont engagées depuis septembre 2006. Le constructeur américain s'était alors qualifié sans appel d'offres, le ministère de la Défense jugeant qu'il était le seul capable de fournir l'appareil souhaité par le Canada. Une interprétation que conteste le géant européen Airbus, qui aurait bien aimé vendre à Ottawa son avion A400M. Le contrat avec Lockheed Martin n'était toutefois pas encore signé. Le Conseil du trésor a approuvé les sommes à verser quelques jours avant Noël.

Le C-130J est le nouveau modèle destiné à remplacer la flotte vieillissante des Hercules, eux aussi construits par Lockheed Martin. Le nouveau modèle est toutefois différent à 70 % de l'ancien. Le Canada possède 32 Hercules, dont une vingtaine arrivent à la fin de leur vie utile. D'ailleurs, seulement 27 peuvent encore voler, les cinq autres étant trop vieux. Les Forces canadiennes se servent des Hercules dans toutes les situations où l'on doit transporter des troupes ou du matériel. Il est souvent décrit comme le «cheval de trait» de l'armée. Trois Hercules sont d'ailleurs utilisés en Afghanistan.

En vertu des lois canadiennes, Lockheed Martin devra réinvestir au pays, sur 20 ans, l'équivalent de la valeur du contrat, soit environ 3,6 milliards de dollars. Dans le milieu de l'industrie aérospatiale, on se demande comment le géant américain y parviendra, lui qui a très peu de liens déjà ficelés avec des entreprises canadiennes.

Combien de ces milliards reviendront au Québec sous forme de retombées économiques? Selon nos sources, le ministre des Travaux publics, Michael Fortier, s'attend à devoir répondre à cette question aujourd'hui, comme il l'avait fait dans le cas du contrat signé avec Boeing (avions C-17) en février dernier. Le sujet est «politiquement sensible», dit-on.

Il semble toutefois que rien n'ait changé dans la politique du gouvernement depuis un an. Une source a affirmé au Devoir que Lockheed Martin n'aurait pas à réinvestir au Québec l'équivalent de son poids dans l'industrie aérospatiale canadienne, soit 55 %. La seule garantie serait que l'avionneur doive investir 15 % des 3,6 milliards au Québec (540 millions), 10 % en Ontario et 10 % dans l'ouest du pays, le reste étant laissé à sa discrétion. Ces planchers de réinvestissement garantiraient au Québec des miettes par rapport à la puissance de son industrie. On en saura peut-être davantage aujourd'hui, lors de la conférence de presse qui aura lieu à l'aéroport d'Ottawa.

L'an dernier, le gouvernement du Québec, par la voix de son ministre du Développement économique, Raymond Bachand, s'était insurgé contre le laisser-aller du gouvernement Harper, qui permet ainsi aux géants américains de faire comme bon leur semble dans le domaine des retombées économiques, au risque de déstructurer l'industrie québécoise en accordant le gros des retombées ailleurs au pays. Le Bloc québécois et l'industrie aérospatiale de la province étaient eux aussi montés aux barricades, sans succès.

L'achat du C-130J est également controversé en raison des nombreux problèmes que cet appareil a connus depuis quelques années. Plusieurs défaillances ont longtemps empêché l'avion de voler dans des zones de combat. Les États-Unis, notamment, ont connu leur lot de difficultés. Lockheed Martin soutient toutefois que les problèmes ont été réglés.

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