Droits des autochtones - Louise Arbour blâme Ottawa

Louise Arbour
Photo: Agence Reuters Louise Arbour

Ottawa — Le Haut Commissaire de l'ONU pour les droits de la personne, Louise Arbour, a exprimé hier sa «profonde déception» devant le choix du Canada de voter contre une déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Mme Arbour, qui prenait la parole dans le cadre d'une conférence organisée par la Commission canadienne des droits de la personne à Ottawa, a décrit la question des droits des autochtones comme un exemple d'un malaise plus profond, laissant entendre que son pays natal est en train de faiblir dans son engagement historique à s'élever au-dessus de ses intérêts étroits sur la scène mondiale.

L'ex-juge à la Cour suprême du Canada a notamment rappelé qu'Ottawa a aussi été lent à ratifier une autre convention des Nations unies, sur les droits des personnes handicapées, et qu'il a joué un rôle limité dans la mise sur pied d'un nouveau Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

Le Canada prétend être un acteur important de la promotion des droits de la personne au sein de la communauté internationale. Mais on ne peut pas jouer et prétendre être un arbitre de la performance des autres si on ne s'implique pas soi-même, a-t-elle dit.

Elle s'est abstenue de toute mention directe du premier ministre Stephen Harper ou de son gouvernement, affirmant que ses propos visaient le public en général.

S'adressant par la suite aux journalistes, elle a réitéré ses remarques au sujet de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, qui a été adoptée par l'Assemblée générale le mois dernier à la suite d'un vote par 143 voix contre 4. Le Canada a voté contre la mesure, comme l'ont fait les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l'Australie — tous des pays comptant des populations autochtones substantielles.

Pour Mme Arbour, c'est là une position «très surprenante» de la part d'un pays qui se plaît à se présenter comme un modèle de tolérance et de diversité.

Le gouvernement conservateur a justifié ce vote en faisant valoir que la formulation de la déclaration était trop vague et entrait en contradiction avec la loi et la pratique canadiennes, particulièrement sur des questions comme les revendications territoriales et les ressources naturelles.

Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a assisté à l'allocution de Mme Arbour, hier, mais il n'a pas voulu faire de commentaires aux journalistes à sa sortie de la salle.

Toujours selon Mme Arbour, plusieurs Canadiens entretiennent une vision trop «romantique», sinon dépassée, de leur pays, celle d'un pacificateur et d'un arbitre impartial sur la scène mondiale. C'est une position qui découle en bonne partie des réalisations de l'ex-premier ministre libéral Lester Pearson, et du prix Nobel de la paix qu'il a remporté il y a un demi-siècle.

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