Scandale des commandites - Le purgatoire de Marc-Yvan Côté pourrait s'achever

Québec — L'heure est à la réconciliation et à l'unité au sein du Parti libéral du Canada. Tellement que certains se disent prêts à réintégrer l'organisateur politique Marc-Yvan Côté, banni à vie après son témoignage à la commission Gomery sur le scandale des commandites.

Le chef de la formation, Stéphane Dion, a confié au quotidien Le Soleil qu'il trouvait la punition infligée à l'ancien ministre québécois «exagérée» et qu'on ne pouvait écarter pour toujours une personne qui avait reconnu ses erreurs.

Lors d'un point de presse à l'issue de son caucus, il a toutefois indiqué que la question de sa réintégration ne figurait pas parmi ses priorités. Le choix ne dépend de toute manière pas de lui, mais bien du président du parti. Pour le moment, il semble que M. Côté n'ait formulé aucune demande à cet effet.

Au cours de la commission Gomery, Marc-Yvan Côté avait notamment reconnu avoir distribué 120 000 $ en argent comptant à des candidats libéraux de l'est du Québec à l'élection fédérale de 1997.

M. Dion s'est aussi porté à la défense de Jean Pelletier, ancien maire de Québec et longtemps chef de cabinet de Jean Chrétien, qui a été congédié illégalement du conseil d'administration de Via Rail.

La décision avait été prise dans la foulée de remarques publiques formulées par M. Pelletier à propos de son ex-employée, la championne olympique Myriam Bédard.

Quelques députés ont dit partager l'opinion de leur chef au sujet des deux hommes.

«Je pense que ce qui est arrivé à Jean Pelletier est totalement injuste et je pense qu'on doit lui redonner ses lettres de noblesse», a déclaré Denis Coderre.

Le député est toutefois plus nuancé en ce qui concerne Marc-Yvan Côté. Selon lui, l'organisateur «a donné au parti» et a reconnu ses erreurs. «Est-ce qu'il doit payer toute sa vie? C'est une autre histoire», a-t-il dit.

Pour sa part, la Montréalaise Marlene Jennings considère que les entourloupettes financières orchestrées par Marc-Yvan Côté ne sont «pas pires» que celles du Parti conservateur, qui a contourné les règles de financement lors de son dernier congrès.

«Si M. Côté a commis des erreurs, il a certainement payé pour elles au niveau de sa réputation, au niveau de la notoriété publique de l'incident. Et je pense qu'on ne peut pas oublier ou effacer des années, voire des décennies de bon travail et de travail honnête», a-t-elle fait valoir.

L'idée de réintégrer l'ancien ministre ne fait toutefois pas l'unanimité au PLC. Le nouveau lieutenant québécois du parti, Francis Scarpaleggia, a ainsi déclaré qu'il considérerait cela comme un retour en arrière.

«Ce n'est pas du tout une priorité, il n'y a pas eu de demande. C'est une nouvelle équipe qui fonce dans une nouvelle direction. Je ne vois pas pourquoi on irait en arrière, a-t-il expliqué. Moi, je pense qu'on devrait aller de l'avant. Point à la ligne.»

En plus de Marc-Yvan Côté, neuf personnes, dont l'ancien ministre des Travaux publics Alfonso Gagliano, ont été bannies à vie du PLC par Paul Martin après la découverte du scandale des commandites.

Réactions à Ottawa

À Ottawa, le ministre de l'Industrie, Maxime Bernier, a profité des déclarations de M. Dion pour ramener le scandale des commandites à l'avant-scène.

«Ces organisateurs étaient dans la culture de corruption qu'a dénoncée le juge Gomery et M. Dion veut les réembaucher», a-t-il déclaré lors d'un point de presse à l'issue d'une réunion de cabinet.

«C'est triste de voir que M. Dion, qui a dit qu'il allait à l'école de M. Chrétien en politique, on s'aperçoit aujourd'hui qu'il a bien appris de l'école de M. Chrétien.»

À Laval, où il assistait à un caucus de son parti, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a critiqué l'éventuel retour de l'ancien organisateur libéral.

«Si M. Dion est en train de nous dire qu'il pardonnerait à Marc-Yvan Côté, bien là, on a un nouveau chef avec les vieilles mêmes méthodes libérales.»

«Marc-Yvan Côté dans Québec? Quelqu'un qui a avoué lui-même avoir eu de drôles de méthodes... M. Dion ouvrirait la porte à une telle personne? M. Dion revient aux vieilles méthodes libérales qu'il disait vouloir faire disparaître? M. Dion va devoir clarifier les choses.»

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