Congrès du Parti libéral fédéral - Les discours de la dernière chance

Stéphane Dion et personne d’autre...
Photo: Stéphane Dion et personne d’autre...

C’est un Palais des congrès pratiquement rempli à pleine capacité qui a ovationné les différents prétendants à la chefferie libérale hier soir. Les meneurs de cette course effrénée de 10 mois qui prend fin aujourd’hui ont évidemment reçu les applaudissements les plus nourris, appuyés par une armée de délégués dont les quatre derniers de la course sont dépourvus.

Michael Ignatieff, qui a clôturé la cérémonie, a posé en rassembleur. «Choisissons l’unité plutôt que la division. Un sens de direction plutôt que l’égarement. Le courage plutôt que la peur, et la compassion plutôt que l’indifférence.» La foule était en liesse. Le meneur a terminé son allucution par un plaidoyer. «Donnez-moi la chance de vous diriger. La chance de vous inspirer. La chance de vous servir. Je vous rendrai fiers. Je vous donnerai la victoire.»

Bob Rae, quant à lui, a fait le pari de parler «avec son coeur», comme l’expliquaient ses stratèges. Sans texte, il a pris le micro et a marché de long en large de la scène, rappelant ses faits d’arme, tantôt comme politicien provincial, tantôt comme l’homme public ayant conseillé le gouvernement sur la tragédie d’Air India. Son improvisation lui a presque fait oublier de s’adresser à son auditoire en français. Il a pris à témoin John Turner et Jean Chrétien, qui se trouvaient dans la salle, donnant une impression de continuité.

Stéphane Dion, quant à lui, s’est faitt couper les jambes. Alors qu’il lui restait encore à prononcer le quart de son discours, le temps qui lui était imparti s’était écoulé et son micro a été fermé. La foule a crié un «aouche» et M. Dion a essayé de faire bonne figure, mais il était visiblement très ébranlé. Il a quitté la scène avec une pointe de tristesse incrédule dans le regard.

Son discours avait pourtant très bien commencé, M. Dion recevant plusieurs ovations. Les longs passages qu’il livrait en français, toutefois, obtenaient très peu de réactions.

M. Dion a mis en évidence sa loyauté en rappelant qu’il avait à la fois servi sous Jean Chrétien et sous Paul Martin. Dans les deux cas, a-t-il dit, «j’ai oeuvré pour mon premier ministre, pour mon parti, pour mon pays. Aujourd’hui, je me porte volontaire pour vous servir encore».

Quant à Gerard Kennedy, il a fait l’éloge d’un changement en profondeur au sein du PLC, changement que lui, un candidat venu de l’extérieur (la filiale ontarienne provinciale), peut davantage incarner.

«Il y en a qui disent que notre défaite électorale a été un simple accident qui ne se reproduira pas, a-t-il dit. Selon ces gens, nous avons seulement besoin d’un nouveau chef et d’un nouveau slogan pour que les Canadiens élisent un gouvernement libéral. Ils disent aussi que l’élection est pour bientôt et que nous n’avons pas le temps de faire les choses correctement. Pour tous ceux, comme moi, qui ont travaillé à la campagne de candidats libéraux, qui ont vu le regard de leurs voisins leur dire “non”, nous savons que ce n’est pas vrai. Je suis venu vous dire que ce n’est peut-être pas la voie la plus facile, mais qu’il existe une telle voie.» L’allocution de M. Kennedy avait été précédée par un laïus de Justin Trudeau, le fils de l’ex-premier ministre, qui l’appuie dans cette course.

Des quatre derniers en lice, c’est clairement la seule candidate, Martha Hall Findlay, qui s’est le mieux tiré d’affaire. Dynamique, à l’aise devant cette foule imposante de 7000 personnes (incluant les observateurs et les médias), Mme Findlay a livré un bon discours qui a soulevé l’enthousiasme à plusieurs reprises. Sa dernière position assurée au premier tour ne l’a pas empêchée de tirer quelques flèches aux militants libéraux présents. «C’est le moment de faire du Parti libéral du Canada le parti politique du XXIe siècle. Il faut faire de la politique transparente et inclusive. Il faut faire de la politique différemment. Et en tant que seule femme qui parle aujourd’hui devant vous, je peux vous dire qu’on n’est pas encore complètement inclusifs», a-t-elle lancé.

Martha Hall Findlay a soutenu qu’il était de son devoir de rester dans la course jusqu’à la fin. Une question de «progrès» pour la cause des femmes en politique, a-t-elle dit. Bonne joueuse, l’avocate de Toronto a affirmé que «peu importe qui gagne, le parti sera entre bonnes mains». Selon elle, il est temps que le PLC retrouve ses lettres de noblesse. «Nous avons toujours été fiers d’être Canadiens. Il est temps, de nouveau, d’être fier d’être libéraux», a-t-elle soutenu.

Le candidat Scott Brison, qui suivait Martha Hall Findlay sur le podium, puisqu’il est septième au premier tour, a tenté de convaincre les délégués qu’il était le meilleur candidat pour concilier la prospérité économique et la lutte contre les changements climatiques. «On ne peut pas se permettre de ne rien faire», a-t-il dit, attaquant Stephen Harper sur sa tiédeur à lutter contre le réchauffement de la planète. «Si une question peut réunir le Canada, c’est bien la lutte contre les changements climatiques», a-t-il ajouté sous les applaudissements.

Scott Brison a toutefois reçu un accueil poli de la part des 5000 personnes présentes dans la salle. Plusieurs passages de son discours sont tombés à plat. Même constat pour le candidat Joe Volpe, qui a reçu quelques applaudissements épars durant son discours. Il a tenté de convaincre les délégués qu’il était le meilleur candidat pour faciliter l’intégration des immigrants. «Il faut créer un pays qui donne la possibilité à tous les citoyens d’avoir les mêmes chances dans la vie. Peu importent sa couleur, sa provenance et sa religion», a-t-il déclaré.

Ken Dryden, de son côté, a concentré l’essentiel de son discours à attaquer Stephen Harper. Il a lui aussi repris la lutte contre les changements climatiques dans son allocution, tout en ajoutant un passage sur l’Accord de Kelowna, qui visait à aider les autochtones, et un passage sur le système national de garderie, soit deux initiatives arrêtées par le gouvernement Harper.

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