Congrès du Parti libéral du Canada - Afghanistan: Ignatieff nuance son appui à Harper

Le congrès du Parti libéral du Canada qui bat son plein à Montréal aura permis de dissiper les derniers doutes: le prochain chef libéral, quel qu'il soit, a l'intention d'exercer toutes les pressions possibles sur le gouvernement Harper afin que la mission canadienne en Afghanistan soit radicalement modifiée.
Le minimum exigé sera un changement de cap radical puisque Stéphane Dion et Gerard Kennedy veulent d'ores et déjà rapatrier les troupes au plus vite alors que Bob Rae a affirmé hier ne pas se sentir lié à la date de février 2009 actuellement prévue pour mettre fin à cette mission.L'opération de séduction lancée par les quatre principaux candidats à la direction du PLC auprès des milliers de délégués présents au congrès aura permis de rapprocher les positions des aspirants chefs en ce qui a trait à la mission canadienne en Afghanistan. Le favori, Michael Ignatieff, a dû préciser sa position hier, poussé par des militants libéraux plutôt hostiles à cette mission. M. Ignatieff, ouvertement en faveur de l'intervention canadienne en Afghanistan, a voté aux Communes pour prolonger la mission jusqu'en février 2009. Il s'agit d'une position différente de celle des trois autres principaux candidats à la chefferie.
Devant un parterre de 500 militants réunis par les jeunes libéraux du Canada vers midi, Michael Ignatieff a jugé bon de nuancer sa position. «On a fait sept ans de travail dans ce pays et j'ai le plus grand respect pour ce qui a été accompli. J'ai voté pour la prolongation de la mission, mais actuellement, je ne vois pas de raison de la renouveler une autre fois», a-t-il dit avant d'ajouter qu'il faut garder à l'esprit que «nous sommes là pour appuyer un gouvernement afghan démocratiquement élu». «Ça, c'est dans la tradition canadienne», a-t-il soutenu.
Interrogé par Le Devoir, le président de la campagne de Michael Ignatieff au Québec, Pablo Rodriguez, a confirmé que s'il devient chef, puis premier ministre, M. Ignatieff n'a pas l'intention de prolonger la mission au-delà de 2009. De plus, un changement de cap s'imposerait rapidement. «En 2009», selon lui, «le Canada aura rempli sa mission et pourra se retirer», a expliqué Pablo Rodriguez. «Mais Michael [Ignatieff] voudrait changer son orientation bien avant cette date. Il juge que la mission des libéraux a été dénaturée et qu'il faut mettre plus l'accent sur la reconstruction. Il faut la réorienter et la réévaluer.»
Cette position se rapproche de celle de Bob Rae, qui veut revoir le rôle du Canada en Afghanistan. «Il faut accroître nos efforts diplomatiques. Je n'ai pas vu d'efforts significatifs du tout.» Bob Rae a dit ne pas se sentir lié par la date de février 2009. «Je pense qu'en tant que nouveau gouvernement, on devrait se sentir libre de faire ce qu'on pense juste pour cette mission», a-t-il affirmé, refusant toutefois d'aller plus loin. «Il serait irresponsable de prendre position clairement dès maintenant. On va avoir une plate-forme électorale plus tard», a-t-il ajouté.
Gerard Kennedy, lui, n'a pas hésité à réitérer sa position, au grand bonheur des militants présents à l'activité des jeunes libéraux. «Il n'est pas question de rester jusqu'en 2009 s'il n'y a pas un changement radical de la mission. C'est impossible de stabiliser le pays avec une armée qui vient de l'extérieur», a-t-il lancé lorsqu'un militant l'a interrogé. Cette affirmation a été reprise dans la foulée par Stéphane Dion. «Je suis d'accord. Le Canada doit mettre en place un plan Marshall pour l'Afghanistan. Mais pour ça, il faut une approche libérale. Il faut croire au rôle qu'un gouvernement peut jouer dans le développement d'un pays. Ce n'est certainement pas le cas avec les néoconservateurs au pouvoir actuellement [à Ottawa].»