Course à la direction du Parti libéral du Canada - Le meneur est rattrapé par la controverse

Ottawa — Déjà aux prises avec les attaques virulentes du premier ministre Stephen Harper à son endroit, le candidat au leadership libéral Michael Ignatieff a dû minimiser hier la défection des rangs libéraux de l'épouse du député libéral montréalais Irwin Cotler.
Dans une lettre au quotidien National Post, Ariela Cotler dénonce M. Ignatieff et lui reproche d'avoir affirmé, en entrevue à l'émission Tout le monde en parle, que le massacre de Cana, au Liban, l'été dernier, était un crime de guerre.«Il s'agit d'un manque d'intégrité, où les gains politiques personnels en vue de l'élection du prochain chef ont primé sur la vérité», écrit la militante libérale de longue date, dont l'époux appuie un adversaire de M. Ignatieff, Bob Rae.
En point de presse à Toronto, M. Ignatieff a dit regretter la décision de Mme Cotler, affirmant qu'il ne faut pas y voir une preuve du succès des attaques de Stephen Harper contre son parti.
C'est d'ailleurs le premier ministre Harper qui a été la première cible de M. Ignatieff hier. Celui-ci a qualifié la sortie de M. Harper de «honte».
«Aucun premier ministre n'a le droit de dire que quelqu'un qui exprime une critique d'Israël est l'ennemi d'Israël», a martelé au début de son discours l'ancien professeur d'université, député libéral depuis février dernier.
Le premier ministre Harper accusait jeudi la plupart des candidats au leadership du Parti libéral du Canada (PLC) de véhiculer trop souvent des positions «anti-Israël». La sortie du premier ministre a fait sortir de leurs gonds les candidats au leadership du PLC, qui ont tour à tour exigé des excuses de M. Harper pour ce qu'ils ont décrit comme des «mensonges» ou des «insultes».
M. Harper en a d'ailleurs rajouté hier à Ottawa. Le premier ministre a accusé les candidats libéraux d'hypocrisie. Selon lui, tous les candidats, à l'exception de Scott Brison et Joe Volpe, ont émis des commentaires anti-Israël l'été dernier. Il les trouve hypocrites de s'en prendre maintenant à Michael Ignatieff pour ses commentaires.
Il demeure que celui qui est perçu comme le meneur de la course a dû nuancer ses propos controversés du début de la semaine, qui l'ont placé dans une situation délicate. Oui, des crimes de guerre ont été commis «dans ce conflit explosif», mais «sur des citoyens israéliens et sur des civils libanais», a précisé M. Ignatieff.
Il a aussi annoncé qu'il allait participer à une visite de parlementaires au Moyen-Orient le mois prochain, où il sera question des solutions de paix à long terme. Ce geste est surprenant et démontre à quel point le candidat veut calmer la controverse puisque la visite aura lieu alors que la course au leadership en sera à ses dernières semaines.
Malgré tout, la controverse autour de sa déclaration et l'outrage suscité au sein de la communauté juive ne le feront pas taire, a-t-il souligné.
«J'ai été un ami et un supporteur de l'État d'Israël toute ma vie [...]. Mais être un ami signifie parler honnêtement», a dit M. Ignatieff.
Outre la controverse, les attaques de ses adversaires et le retrait de certains militants juifs, cette «honnêteté» aura aussi coûté une organisatrice au candidat. Plus tôt cette semaine, la vice-présidente de sa campagne à Toronto, Susan Kadis, annonçait qu'elle lui retirait son appui.