L'OIF réclame plus d'argent de Québec et d'Ottawa
Le numéro 2 de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le Québécois Clément Duhaime, demande à Québec et à Ottawa de hausser leurs contributions financières à l'institution internationale. L'OIF rassemble 55 États et gouvernements membres plus ou moins francophones autour d'objectifs comme la promotion du français et l'appui à l'éducation.
Son budget annuel total oscille autour de 350 millions, dont la part du lion va à TV5, la chaîne mondiale francophone. La France fournit plus des deux tiers de l'enveloppe globale et paie même 85 % des dépenses de l'Agence universitaire de la Francophonie. Le Québec et le Canada ne fournissent qu'environ 18 % des dépenses de l'organisation intergouvernementale, alors qu'ils y ont déjà contribué à hauteur de 40 %.«Il y a eu un réinvestissement constant de la France, alors que le Canada et le Québec ont fait stagner leurs contributions, dit Clément Duhaime en entrevue au Devoir. C'est malsain pour une entreprise de dépendre massivement d'un seul actionnaire. Les relations internationales ne constituent pas un enjeu, ici, entre l'éducation ou la santé. Mais c'est peut-être le moment, avant le Sommet de Québec de l'OIF, en 2008, de réinvestir dans cette institution. Et je tiens le même discours en Suisse comme en Belgique.»
Clément Duhaime était hier le conférencier d'un déjeuner-causerie du Conseil des relations internationales de Montréal. La rencontre de l'organisme privé visant à favoriser «une plus grande connaissance des affaires internationales» a attiré environ 220 personnes.
L'administrateur (c'est le titre officiel de M. Duhaime) a répété ses critiques sur le sous-financement et a reconnu que la question de l'élargissement du nombre des membres commençait à poser problème. L'Albanie, l'Autriche, la Slovaquie et le Vietnam sont associés à l'OIF.
M. Duhaime pense que les règles d'adhésion devront être revues. Il souhaite la création d'un observatoire du français dans le monde. L'organisation veut également soutenir davantage l'enseignement du français dans le monde
Des problèmes plus éthiques et plus politiques hantent aussi l'institution, dont certains bouts de carte ressemblent à une sorte de topographie de la terreur. Une déclaration adoptée à Bamako porte sur le respect des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone. L'an dernier, après le coup d'État au Togo, la balise a permis l'expulsion de l'OIF de ce pays africain. Un rapport sur l'avancée de la démocratie dans la Francophonie sera déposé à la fin du mois.