Faire des plans d'eau un véritable bien public
Il serait tout aussi, sinon plus important que les MRC planifient les usages sur leurs plans d'eau comme ils planifient les usages de la partie terrestre de leur territoire, car dans plusieurs régions à forte concentration de villégiateurs, ce sont ces plans d'eau qui constituent le moteur du développement économique.
Réagissant à la nouvelle du Devoir d'hier, selon laquelle il sera dorénavant possible d'interdire sélectivement les types d'embarcations motorisées trop néfastes à l'environnement, à la sécurité et à la quiétude des lacs, Jacques Ruelland, le président du Conseil régional de l'environnement des Laurentides, ajoute que les corps publics ne peuvent plus laisser des individus décider de l'usage des lacs en fonction de leurs goûts personnels et de l'épaisseur de leur portefeuille.Dans les Laurentides, explique-t-il, l'utilisation d'un nombre croissant d'embarcations motorisées sur un nombre croissant de lacs, l'augmentation sensible de la puissance des engins, du bruit et de la pollution qu'ils génèrent en plus de l'érosion causée aux rives par les plus puissants d'entre eux, comme les nouveaux «wake boats», provoquent des conflits d'usage de plus en plus nombreux entre riverains intéressés par la quiétude des lieux et ceux qui considèrent les plans d'eau comme des parcs d'amusement privés.
Les nouvelles règles fédérales, dévoilées hier, qui vont permettre aux corps publics d'interdire sélectivement certains types d'embarcation vont de pair, dit-il, avec d'autres règles qui autorisent les corps publics locaux à avancer des solutions globales sans nécessairement s'assujettir aux règles de la majorité sur un plan d'eau précis. Ainsi, poursuit Jacques Ruelland, une municipalité pourrait décider que tous les lacs de son territoire de moins d'un kilomètre carré vont être interdits à la navigation motorisée parce que plus fragiles à la pollution des moteurs et à l'érosion. Elle pourrait aussi limiter les ébats des grosses embarcations au centre des plus grands lacs et prescrire des heures d'usage.
D'autre part, le président du CRE des Laurentides estime que la ministre des Transports, Julie Boulet, est en train de «provoquer un imbroglio majeur en voulant imposer aux régions les plans des fédérations de véhicules hors route», ce que révélait aussi Le Devoir d'hier.
«La ministre ne peut pas d'un côté dire aux élus et aux citoyens de planifier de façon optimale l'utilisation de leur territoire et mettre en place en même temps un processus qui leur impose les plans des deux fédérations de motoneigistes et de quaddistes, explique Jacques Ruelland. Les intérêts des citoyens et d'une région se définissent à la lumière du concept de l'intérêt général du milieu. Or les intérêts des fédérations de loisirs motorisés vont dans une autre direction et ils sont surtout de nature provinciale et non régionale.