Un ex-fonctionnaire accusé de corruption et d'abus de confiance - Il faut frapper à toutes les portes pour obtenir une subvention
Pour obtenir une subvention gouvernementale, mieux vaut ne pas limiter ses démarches auprès des seuls fonctionnaires. Il faut aussi solliciter les politiciens et leur entourage.
C'est ce qu'a affirmé hier le lobbyiste Jean Nadeau lors de son témoignage au procès d'Hyacinthe Auger, ex-fonctionnaire du ministère de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. M. Auger est accusé de corruption et d'abus de confiance. Il aurait exigé et reçu une somme de 50 000 $ de l'homme d'affaires Pierre De Castris. En contrepartie de cette somme, M. Auger aurait assuré à M. De Castris l'octroi d'une subvention pouvant atteindre trois millions de dollars pour soutenir la croissance de son entreprise, Industries de fournitures internationales (IFI).Les faits reprochés remontent à 1997. Jean Nadeau avait alors été embauché par l'homme d'affaires De Castris pour obtenir entre autres l'aide financière tant de Québec que d'Ottawa. Sur la scène provinciale, M. Nadeau a affirmé avoir rencontré des fonctionnaires et des politiciens afin de faire avancer le dossier. «Je pense qu'il faut aligner les deux», a-t-il dit.
Ainsi, M. Nadeau a rencontré notamment le sous-ministre d'alors, André Dorr, ainsi que Raymond Bréard, alors chef de cabinet du ministre des Finances à l'époque, Bernard Landry. M. Bréard est par la suite devenu lobbyiste puis directeur général du Parti québécois jusqu'à ce qu'il démissionne dans la controverse, l'hiver dernier.
M. Nadeau a également indiqué avoir rencontré à plusieurs reprises le fonctionnaire Hyacinthe Auger, un ami personnel depuis plus de 20 ans de Raymond Bréard. M. Auger aurait demandé 50 000 $ à M. Nadeau parce qu'il éprouvait des problèmes financiers, prétendument à cause de mauvais placements. M. Nadeau a transmis la demande à son patron, M. De Castris. «Ç'a germé dans la tête de Pierre. Il a vu son intérêt», a expliqué Jean Nadeau à la cour.
De son côté, Pierre De Castris a soutenu avoir remis 50 000 $ à M. Auger pour recevoir la subvention demandée de trois millions. Il y aurait d'abord eu une avance de 5000 $ versée sous forme de reconnaissance de dette dès le mois de mai 1997. Puis, fin juillet de la même année, un premier versement de 10 000 $ comptant, même si ce n'est que le mois suivant que le gouvernement a confirmé par écrit l'octroi d'une subvention pouvant atteindre trois millions. Deux autres versements auraient été faits par la suite: un de
10 000 $ comptant et un chèque de 25 000 $ destiné à Nathalie Fortier, la conjointe de M. Auger. Jean Nadeau a affirmé avoir été témoin de ces remises d'argent.
L'entreprise IFI n'a finalement reçu que 1,8 million de la subvention de trois millions promise. Cela correspond, selon Pierre De Castris, au nombre d'emplois créés, qui a été moindre que prévu.
Le procès de M. Auger se poursuit aujourd'hui.