Déséquilibre fiscal - Le Québec n'a qu'à fermer ses «supposées ambassades»

Jean Chrétien
Photo: Agence Reuters Jean Chrétien

Ottawa - Le déséquilibre fiscal n'existe pas, persiste à croire Jean Chrétien. C'est plutôt d'incompétence financière que souffre le Québec.

Ottawa en remet. Après son bras droit John Manley, c'était au tour du premier ministre Jean Chrétien hier de soutenir que les délégations du Québec à l'étranger ne sont que de «supposées ambassades» qui devraient être fermées si la province trouve son budget trop serré.

«Nous contrôlons mieux nos dépenses que le gouvernement provincial, qui continue d'ouvrir de supposées ambassades du Québec un peu partout dans le monde», a-t-il lancé en Chambre en réponse au Bloc québécois qui l'interrogeait sur l'existence d'un déséquilibre fiscal.

Selon M. Chrétien, «si la situation financière du gouvernement canadien est meilleure, c'est parce qu'il y a eu une meilleure administration à Ottawa qu'ils n'en ont eu au cours des dernières années au Québec». Il en veut pour preuve le fait qu'Ottawa en est à son cinquième exercice budgétaire équilibré.

Des propos qui ont soulevé la colère du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. «C'est vraiment dénigrer le Québec, rapetisser le Québec, ratatiner le Québec. C'est la carrière de Jean Chrétien.»

Le premier ministre reprend donc à son compte les propos de son ministre des Finances, John Manley, qui avait déclaré la semaine dernière que le Québec n'a qu'à fermer ses délégations à l'étranger s'il croit manquer d'argent. Sans aller aussi loin, le ministre des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion, a laissé entendre qu'un débat sur leur mode de fonctionnement serait le bienvenu.

«On espère que sur le terrain, ces délégations ne feront pas de dédoublements inutiles avec les ambassades et vont jouer un rôle complémentaire. Beaucoup d'autres provinces préfèrent travailler au sein des ambassades canadiennes, elles y voient des économies d'échelle. Il y a un débat à faire là-dessus au Québec.»

L'existence de ces délégations dérange-t-elle M. Dion? «J'ai eu des contacts avec des délégations où ça allait bien et je suis tombé sur d'autres où le délégué était un ayatollah qui voulait jouer à l'ambassadeur», a-t-il répondu.

Jean Charest, pas mieux

Par ailleurs, Stéphane Dion n'a pas épargné le chef libéral Jean Charest pour avoir lui aussi appuyé le concept de déséquilibre fiscal. Il n'entend surtout pas imiter son «frère» libéral. «Ce n'est pas parce que tout le monde se jette à la rivière que vous êtes obligé de vous y jeter vous-même.» La preuve que le Québec ne manque pas d'argent, a dit M. Dion, c'est qu'il diminue les impôts. «Les trois partis à l'Assemblée nationale font de la surenchère pour savoir qui va baisser les impôts plus que l'autre. Un parle de la "flat tax", l'autre dit qu'il va les baisser de un milliard par année, ce qui fait quatre milliards au bout d'un mandat, et le troisième dit que c'est minable et qu'il pourrait faire mieux.»

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