Le Bloc veut être l’arbitre entre les «extrêmes» à Ottawa

Le chef du Bloc québécois était entouré des membres du parti lors d’un discours organisé devant l’hôtel de Sherbrooke qui héberge la réunion du caucus bloquiste.
Pierre Saint-Arnaud La Presse canadienne Le chef du Bloc québécois était entouré des membres du parti lors d’un discours organisé devant l’hôtel de Sherbrooke qui héberge la réunion du caucus bloquiste.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, se prépare à être l’« adulte dans la pièce » lors de la rentrée parlementaire aux Communes, la semaine prochaine, se posant comme un « arbitre » responsable entre les propositions « extrêmes » des autres partis.

« Les Québécois ne sont pas des extrémistes », a tranché le politicien souverainiste jeudi, dans un discours organisé devant l’hôtel de Sherbrooke, qui héberge la réunion du caucus bloquiste.

Yves-François Blanchet a décrit les autres formations politiques comme aggravant la polarisation de la société, en utilisant abondamment le mot « extrême » pour qualifier la vision du Parti conservateur du Canada et celle « de la coalition libérale-NPD ».

« Dans l’extrême multiculturaliste du Parti libéral, il y a une agression perpétuelle contre l’identité et la spécificité du Québec [et] l’autre extrémité est les valeurs conservatrices [qui] ne percolent pas tant que ça au Québec, [comme de limiter] l’aide médicale à mourir, le droit des femmes à disposer de leur propre corps », a-t-il étayé.

Il a conclu sa démonstration en soulignant que les deux principaux partis politiques du pays partagent l’objectif d’accueillir un demi-million d’immigrants par année. Il les accuse aussi d’être en phase en ce qui concerne les aides à l’industrie pétrolière.

Le chef du Bloc promet par ailleurs de faire bien fonctionner le Parlement. Il se targue d’être « responsable », mot choisi pour thème de la rentrée parlementaire. « Si on prend le Parlement comme arène dans laquelle on se tape dessus, la population va décrocher. »

Réplique à Poilievre

Après avoir annoncé qu’il allait, à la rentrée, se concentrer sur les enjeux de l’environnement, du coût de la vie et de l’immigration, Yves-François Blanchet a répliqué aux attaques lancées contre lui par le chef conservateur Pierre Poilievre la semaine précédente, mais sur un autre ton.

« Pierre Poilievre est débarqué à Québec pour essayer de prendre des sièges au Québec, pour essayer d’aller chercher une majorité. [Mais] qui est capable d’enlever la majorité aux conservateurs ? Et qui l’a enlevée aux libéraux en 2019 et en 2021 ? […] Le même raisonnement s’applique. »

Le chef de l’opposition officielle s’était moqué du voyage en Catalogne du chef du Bloc québécois. Il avait ensuite plusieurs fois dépeint ce parti comme complaisant envers la politique fiscale du gouvernement libéral, allant jusqu’à dire que des personnes âgées devaient sauter des repas « pour payer la taxe Blanchet-Trudeau » que constitue à ses yeux le règlement sur les combustibles propres.

Jeudi, M. Blanchet s’en est aussi pris à Justin Trudeau pour avoir formulé « une insulte » envers les municipalités, arguant qu’il fait plus confiance aux maires qu’au premier ministre pour gérer ce dossier.

Il s’est aussi permis une subtile flèche à Québec solidaire et au Parti libéral du Québec, qui avaient choisi de se payer de la publicité sur la plateforme Meta en marge de l’élection partielle dans Jean-Talon, avant de faire volte-face jeudi. La multinationale des réseaux sociaux est critiquée pour ne pas collaborer avec le gouvernement dans son projet de lui faire payer une partie du coût de l’information.

« On n’est pas obligé d’acheter de la pub dans l’état actuel des choses », a évoqué M. Blanchet.

Des circonscriptions dans sa mire

 

Même s’il prévoit que les élections ne sont pas pour demain, vu les résultats des récents sondages, le chef du Bloc a profité de la tenue de son congrès à Sherbrooke pour dévoiler la liste de quatre circonscriptions de l’Estrie qu’il souhaite voir devenir bloquistes.

Le Bloc a ainsi « l’oeil » sur les circonscriptions de Sherbrooke (détenue par la libérale Élisabeth Brière), Compton-Stanstead (chez la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau), Brome-Missisquoi (gagnée de peu en 2021 par la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge), et finalement Richmond-Arthabaska, qu’il a nommée deux fois dans son discours.

Cette circonscription a été remportée par le conservateur Alain Rayes en 2021. L’élu a quitté sa formation politique après l’arrivée de Pierre Poilievre comme chef, l’an dernier. Il a récemment annoncé qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections.

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