Un départ, un retour et une (autre) relance au PLQ

Depuis la défaite de 2018, ils ont tenté de se « rebâtir », voulu moderniser leur « nationalisme », cherché à se « redéfinir ». Les militants du Parti libéral du Québec échangeront samedi sur la « relance » de leur formation politique dans un conseil général qui marque le départ d’un militant de longue date… et le retour d’un autre.
Vendredi, à la veille du rassemblement organisé à Victoriaville, le militant Jérôme Turcotte signait une lettre ouverte dans La Presse. « Au revoir, PLQ », a écrit l’ex-président de la Commission politique du parti. En 2016, il voyait le PLQ comme un « éteignoir », usé et centralisé, néanmoins doté d’une « capacité de renouvellement ».
Il a été requinqué par le passage au cabinet de Dominique Anglade à l’Assemblée nationale. Mais voilà qu’il jette l’éponge. Dans une lettre truffée de références nationalistes, il reproche entre autres au PLQ d’avoir « perdu sa capacité à incarner la québécitude ».
Un creux chez les membres
M. Turcotte note que le PLQ ne compte plus que 15 000 membres, encore au-dessous du creux — alors historique — de 20 000 membres rapporté en janvier 2020. « Je ne vais pas me prononcer sur le nombre de membres », a lancé vendredi au Devoir la députée Madwa-Nika Cadet. Elle mène un comité sur la relance du PLQ avec l’ex-journaliste et ancien sénateur André Pratte.
« Ce qui me frappe surtout dans sa lettre, c’est que le parti est précisément, actuellement, dans un moment de consultation et de réflexion sur sa relance, ses valeurs. Et c’est comme si, lui, plutôt que de participer à cet exercice-là, décidait à l’avance que l’exercice était voué à l’échec », a déploré M. Pratte.
M. Turcotte, qui militait au PLQ depuis 15 ans, avance aussi que le parti ne s’est pas opposé au pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral et qu’il a failli à « affirmer davantage » la place du Québec à l’international. « Pourtant, ce sont des choses que le PLQ n’a pas cessé de faire depuis de nombreuses années », a affirmé M. Pratte.
Qu’à cela ne tienne : « oui », il y a toujours des nationalistes qui militent au PLQ, assure Mme Cadet. « Notre nationalisme est un nationalisme rassembleur, inclusif, et non pas qui divise les Québécois », poursuit son collègue.
Le virage nationaliste souhaité par l’ex-cheffe libérale, Dominique Anglade, a-t-il échoué ? « Nous, on n’est pas dans le post mortem, a répondu M. Pratte. C’est une situation qui n’est pas facile, on ne le nie pas. Les militants sont tout à fait lucides quant à la situation du PLQ maintenant. Mais on regarde vers l’avenir. »
Un départ, mais aussi un retour
Ce regard, ils pourront le porter avec le militant Marc Montpetit. Le père de l’ex-députée Marie Montpetit avait fait grand bruit en quittant ses fonctions en 2021. Militant depuis 40 ans, membre de la commission politique du parti depuis 25 ans, il renonçait alors à ses fonctions en écorchant la cheffe Anglade.
Le voilà qui rentre au bercail. « Mme Anglade est partie, donc je suis revenu à l’intérieur du Parti libéral », a-t-il lancé au Devoir, qui l’a joint chez lui. Il se désole encore du « désastre électoral » de 2022.
« [Le parti se] cherchait et n’arrivait pas à avoir des idées que les gens comprenaient. La Charte des régions, je vous défie de rencontrer trois Québécois qui sont capables de vous expliquer c’était quoi. L’hydrogène vert, moi, personnellement, je ne sais pas trop c’est quoi », a-t-il illustré, en reprenant les engagements phares de Mme Anglade.
Il a dit avoir confiance de voir « des choses intéressantes » émerger de la réflexion sur l’avenir du parti. Et « on est à la recherche d’un nouveau chef ou d’une nouvelle cheffe », a-t-il rappelé.
Les règles de la nouvelle course à la chefferie ne seront pas dévoilées au conseil général. Au programme, il y a plutôt des ateliers sur les valeurs libérales, qui ont été divisées en trois thèmes : « s’affirmer, rassembler et prospérer ».
De toute façon, laissent entendre Mme Cadet et M. Pratte, le PLQ n’est pas un parti qui croit aux sauveurs. « C’est l’avantage d’être un parti qui a une vraie base militante, qui a une histoire, qui n’est pas formé autour d’une seule personne et qui représente des valeurs qui sont beaucoup plus larges que celle du véhicule politique », a résumé la première. Les « devoirs » sur lesquels le parti doit travailler vont bien au-delà de l’identité d’un chef, a ajouté le second. « Ça veut aussi dire l’organisation, le financement et le contenu, les idées que le parti met en avant. »