L’importance de planifier la gestion des actifs
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités
Aqueducs, égouts, centres de traitement des eaux usées, arénas, centres communautaires… Les actifs gérés par les municipalités sont aussi nombreux que diversifiés. Un plan de gestion des actifs permet aux municipalités d’économiser et d’assurer de meilleurs services aux citoyens, notamment pour faire face aux imprévus que peuvent entraîner les changements climatiques.
Au Canada, ce sont près de 60 % des infrastructures que possèdent les gouvernements municipaux, selon la Fédération canadienne des municipalités (FCM). Le tout géré avec un budget nettement inférieur à celui d’Ottawa et de leurs homologues provinciaux.
Voir au-delà des mandats
« Ça va coûter plus cher, une intervention non planifiée, qu’une intervention planifiée », affirme Catherine Lavoie, présidente-directrice générale du Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU). En 2022, par exemple, les dommages assurés causés par des conditions météorologiques extrêmes ont coûté 3,1 milliards au pays, selon le Bureau d’assurance du Canada.
L’anticipation de ce type de situation, arrimée à une planification budgétaire adaptée, en limite les impacts sur les finances publiques.
Des coûts qui peuvent aussi être réduits en prolongeant l’« espérance de vie » des infrastructures, grâce à un bon entretien, explique Mme Lavoie, aussi présidente du conseil d’administration de la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain incorporée. Elle propose même de penser plus loin : « Au lieu de jeter le matériau, est-ce qu’on peut le recycler, le réutiliser ? »
Mais dans le monde municipal, se projeter dans l’avenir représente parfois un défi. « Il ne faut pas oublier qu’il y a 48 % de nouveaux élus tous les quatre ans, rappelle Catherine Lavoie, donc souvent, [ils] vont penser pour la durée de leur terme. »
L’adoption d’un plan de gestion des actifs est pourtant avantageuse pour les élus municipaux, puisqu’elle facilite la prise de décision pour l’allocation des ressources et améliore la qualité des services aux citoyens.
Prendre le virage
Planifier la gestion de ses actifs consiste globalement à en faire l’inventaire, à en recenser l’état, à cibler les interventions prioritaires tout en minimisant les interventions non planifiées, et à penser aux besoins et aux investissements à long terme.
Surtout, « il faut éviter de se décourager », affirme Catherine Lavoie, forcée d’admettre que « c’est [une démarche] qui demande beaucoup de collaboration, d’arrimage entre les différents départements, quand on parle d’une moyenne ou [d’une] grande municipalité ».
Un défi de taille, pour lequel il vaut mieux être accompagné. Il est d’ailleurs possible de faire appel à des firmes spécialisées en gestion des actifs ou de se référer aux outils développés par des organismes, comme la FCM ou l’Union des municipalités du Québec (UMQ), « très actives sur la question », souligne Catherine Lavoie.
Pour le CERIU, « ce qui est difficile, c’est de rassembler toutes ces municipalités, puis de les convaincre » à sauter le pas, poursuit sa p.-d.g., rappelant au passage que le Québec est la province qui en compte le plus au Canada, soit quelque 1100 municipalités.
« Ce qui nous a beaucoup aidés, ajoute-t-elle, ça a été le virage du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, qui s’en va vers [la promotion de la planification dans la gestion des actifs municipaux]. »
Planifier l’avenir
Les municipalités ne sont effectivement pas laissées à elles-mêmes. En 2016, Infrastructure Canada a injecté 110 millions de dollars sur huit ans dans le Programme de gestion des actifs municipaux (PGAM), mis en oeuvre par la FCM.
Depuis, 1675 projets en gestion des actifs ont été menés auprès des 1500 municipalités participantes. À l’approche de la fin du programme, les trois quarts d’entre elles ont démontré une meilleure pratique en gestion des actifs, selon Scott Pearce, président par intérim de la FCM et maire du canton de Gore.
« C’est un programme qui est très populaire et qui répond aux besoins des municipalités », dit celui qui admet n’avoir jamais constaté de résistance de la part des municipalités lors des activités de formation ou d’accompagnement proposées par le programme.
Le maire considère qu’il s’agit d’un « dossier primordial » pour l’avenir du monde municipal. Il espère que le PGAM, qui prend fin en 2024, ouvrira le pas à d’autres initiatives similaires.
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