Chute drastique des admissions au PEQ

Après une réforme qui avait soulevé de vives critiques, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) accuse une baisse radicale de son nombre de candidats, selon les plus récentes données. Pour les partis d’opposition, ce constat est celui de l’échec du programme, qui ne parvient pas à retenir des immigrants francophones comme le gouvernement l’avait promis.
Selon une demande d’accès à l’information publiée en mars dernier, le nombre de candidats admis au PEQ, une voie d’accès à l’immigration permanente pour les étudiants et les travailleurs déjà établis et parlant français, a chuté radicalement par rapport aux années précédentes. Au total, qu’ils soient diplômés ou travailleurs, à peine 6000 postulants ont pu obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ) en 2022, contre 24 000 en 2021, soit quatre fois moins.
Les données du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’lntégration (MIFI) montrent que cette baisse radicale se reflète dans chacune des deux catégories du PEQ, les diplômés et les travailleurs temporaires.
Dans la catégorie des diplômés, ce sont quelque 2000 étudiants étrangers et leurs personnes à charge qui ont obtenu le CSQ leur ouvrant la porte à la résidence permanente, contre environ 8000 en 2022.
Quant aux travailleurs temporaires, ils ne sont que quelque 4000 à avoir obtenu leur CSQ, contre 16 000 en 2021, une année, toutefois, précisons-le, qui semble avoir été anormalement faste lorsqu’on la compare avec les précédentes.
Le nombre de candidats ayant reçu un certificat de sélection grâce au Programme de l’expérience québécoise est en deçà des prévisions du MIFI. En effet, selon les cibles pour 2022 du Plan d’immigration du Québec, le gouvernement visait à sélectionner entre 9000 et 11 000 personnes dans ce programme.
Un « échec »
Le député libéral et porte-parole en matière d’immigration, Monsef Derraji, a qualifié ce programme d’« échec » sur Twitter cette semaine et a invité la Coalition avenir Québec à en changer les règles rapidement pour le rendre moins contraignant. En Chambre, il a interpellé la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, en lui demandant si elle était « fière de voir des francophones quitter le Québec ».
Pour M. Derraji, le Québec « n’est maintenant plus la terre d’accueil qui attire des francophones et des francothropes, a-t-il soutenu. C’est une fuite de cerveaux ». Il fait l’hypothèse que les étudiants et les travailleurs quittent le Québec au profit des autres provinces, où les programmes d’immigration sont plus alléchants parce que plus rapides et moins complexes.
Le député de Québec solidaire et porte-parole en immigration, Guillaume Cliche-Rivard, se dit « estomaqué » par cette baisse. « Ça ne me surprend pas, dans le sens où ce sont les conséquences de la réforme de 2020 de la CAQ, qui a, et on l’avait prédit, vraiment drastiquement limité le Programme de l’expérience québécoise. On vient d’en avoir la preuve », a-t-il soutenu. « Ce qui me choque est que le PEQ était une voie rapide pour les immigrants francophones, diplômés et travailleurs temporaires, avec une expérience de vie au Québec, en français. C’est à eux qu’on ferme la porte. J’ai du mal à voir en quoi c’est positif pour le Québec. »
Au cabinet de la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, on soutient que les « étudiants internationaux, particulièrement ceux qui parlent français, sont une richesse pour le Québec », sans préciser quel sera le destin du PEQ. Alexandre Lahaie, attaché de presse de la ministre, a indiqué que Mme Fréchette et ses équipes « analysent actuellement certains programmes afin de favoriser une immigration francophone. Nous ferons une annonce en temps et lieu ».
Une première tentative de réforme du PEQ par le ministre d’alors, Simon Jolin-Barrette, avait soulevé un tollé. Après consultation, une seconde mouture, entrée en vigueur en 2020, en a resserré les critères pour exiger notamment une expérience de travail post-diplôme d’au moins un an aux étudiants étrangers, ce qui a rallongé les délais.