«Nous allons écrire l’avenir ensemble», promet Joe Biden au Canada

« Aujourd’hui, je vous le dis : vous allez toujours, toujours pouvoir compter sur les États-Unis d’Amérique », a promis le président dans son allocution d’une demi-heure, durant laquelle il a reçu plusieurs ovations debout.
Andrew Harnik Associated Press « Aujourd’hui, je vous le dis : vous allez toujours, toujours pouvoir compter sur les États-Unis d’Amérique », a promis le président dans son allocution d’une demi-heure, durant laquelle il a reçu plusieurs ovations debout.

Le président des États-Unis, Joe Biden, a passé l’essentiel de son discours de vendredi devant la Chambre des communes à Ottawa à vanter la collaboration économique qu’il entrevoit avec le Canada pour son projet de bâtir une industrie verte.

« Aujourd’hui, je vous le dis : vous allez toujours, toujours pouvoir compter sur les États-Unis d’Amérique », a promis le président, entre deux salves d’applaudissements.

Joe Biden n’a formulé aucune critique envers le gouvernement Trudeau dans son allocution d’une demi-heure, durant laquelle il a reçu plusieurs ovations debout. Il a plutôt présenté une vision optimiste d’un futur dans lequel le Canada joue un rôle central dans son projet d’effectuer un virage vert de l’économie.

Syndicaliste, M. Biden a fait valoir auprès des élus et des sénateurs canadiens que l’économie verte générait des emplois des deux côtés de la frontière. Sur ce thème, sur lequel il s’est longuement étendu, il a énuméré les lois américaines qui incluent les entreprises canadiennes.

Il a notamment fait allusion à son Inflation Reduction Act, « le plus gros investissement pour notre climat dans l’histoire », qui rend les véhicules électriques assemblés au Canada admissibles à un crédit d’impôt. Il a aussi utilisé l’exemple de l’usine d’IBM de Bromont, productrice de semi-conducteurs qui est alimentée en puces électroniques provenant du Vermont.

Joe Biden a commencé son discours par un « bonjour, Canada », en français, qui a bien fait rire son auditoire. « J’ai pris quatre ans de cours de français à l’école. Et voilà que pour la première fois que je tente de faire un discours en français, on rit de moi », a-t-il dit pour plaisanter.

Une entente sur Roxham

C’est d’ailleurs le président des États-Unis qui a annoncé à la place de Justin Trudeau que le Canada s’engageait à prendre 15 000 demandeurs d’asile de plus par an par une voie d’entrée régulière, dans la foulée de la renégociation de l’Entente sur les tiers pays sûrs.

« Le Canada arrive avec un programme similaire offrant une voie légale pour que 15 000 migrants, en provenance de pays de l’hémisphère Ouest, viennent au Canada. [Nous continuons] de travailler ensemble pour décourager les passages illégaux et mettre en oeuvre complètement l’entente mise à jour sur les tiers pays sûrs », a annoncé Joe Biden.

Le président a longuement vanté la collaboration militaire canado-américaine dans le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), ainsi que les efforts déployés par les deux pays pour aider l’Ukraine à lutter contre l’invasion russe dont elle est victime.

Il a mentionné en quelques mots un renforcement de la collaboration des deux pays concernant Haïti, mais a parlé avec plus d’enthousiasme de son projet de collaborer avec le Canada dans la lutte contre les surdoses de fentanyl. « Il s’agit de santé publique ! » a-t-il scandé.

Députés, sénateurs, diplomates et anciens politiciens, comme Jean Chrétien et Joe Clark, s’étaient tous déplacés au parlement canadien pour assister au discours du président Biden — le huitième président américain à s’adresser aux Communes. Le chef conservateur Pierre Poilievre était lui aussi tout ouïe, après avoir été beaucoup moins attentif, précédemment, au discours du premier ministre Trudeau.

Aux élus conservateurs qui tardaient à se lever pour applaudir une remarque sur le fait que les deux pays ont des gouvernements paritaires hommes-femmes, Joe Biden a lancé : « Même si vous n’êtes pas d’accord, les gars, je me lèverais ! »

Collaboration tous azimuts

Pour démontrer que « le Canada et les États-Unis peuvent faire de grandes choses », il a rappelé qu’un Canadien doit prendre part à la mission Artemis II, l’une des étapes en vue d’une nouvelle mission sur la lune.

Comme Justin Trudeau juste avant lui, le président Biden a souligné la présence aux Communes de Michael Kovrig et Michael Spavor, les deux Canadiens détenus en Chine pendant près de trois ans après l’arrestation de la dirigeante financière de Huawei, Meng Wanzhou, à Vancouver en vertu d’une demande d’extradition des États-Unis. Le premier ministre canadien a salué « le leadership » du président dans leur libération.

Dans un lapsus gênant, le président de 80 ans a mélangé les noms du Canada et de la Chine à un certain moment de son discours. « Vous voyez ce que j’ai en tête ! » a-t-il lancé, s’en sortant à la blague.

Le président Biden a d’abord participé vendredi à une rencontre bilatérale avec Justin Trudeau, en compagnie de plusieurs ministres des gouvernements des deux pays. Biden était arrivé jeudi soir dans la capitale canadienne, sous haute surveillance policière.

Avec Marie Vastel

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