Ensemble Montréal réclame un plan de lutte contre les rats

«Les rats fréquentent nos maisons, nos universités, nos parcs, nos commerces et nos bureaux», déplore le chef de l’opposition, Aref Salem.
Mary Altaffer Associated Press «Les rats fréquentent nos maisons, nos universités, nos parcs, nos commerces et nos bureaux», déplore le chef de l’opposition, Aref Salem.

Montréal doit se doter d’un plan de lutte contre les rats, estime l’opposition à l’Hôtel de Ville, qui demande à l’administration de mettre en place plusieurs mesures, dont la dératisation systématique lors de travaux d’égouts, l’implantation de poubelles fermées dans les lieux publics et une révision du système de collecte des déchets domestiques et commerciaux.

« Avec les enjeux de propreté, Montréal est devenu un buffet à volonté pour les cinq à six millions de rats qu’on a actuellement en ville », a fait valoir le chef de l’opposition, Aref Salem, mardi. « Le temps où on les retrouvait uniquement dans les égouts est révolu. Les rats fréquentent nos maisons, nos universités, nos parcs, nos commerces et nos bureaux. »

Lors de la prochaine assemblée du conseil municipal, qui aura lieu le 20 février prochain, Ensemble Montréal présentera une motion pour demander à l’administration Plante d’adopter un plan de lutte qui s’apparenterait à ceux adoptés par d’autres villes, comme New York, Paris ou Vancouver.

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Quand les rats remontent à la surface

Montréal a déjà confirmé qu’elle lèverait l’interdiction de l’utilisation de la diphacinone, un des poisons qui avaient été prohibés en janvier 2022. « Mais ce n’est pas assez. Il ne faut pas voir les rodenticides comme une recette miracle qui va régler tous les problèmes liés à la présence des rats », a souligné Aref Salem, en rappelant que plusieurs chercheurs et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considèrent ces produits comme une solution « ponctuelle » uniquement.

Dans sa motion, l’opposition demande que lors de travaux dans les égouts, la Ville engage une procédure systématique de dératisation. Elle suggère qu’à terme, tous les domiciles et commerces soient dotés de contenants fermés pour y conserver les déchets. Ensemble Montréal croit aussi que toutes les poubelles installées dans les lieux publics, en bordure de rue ou dans les parcs, soient remplacées par des poubelles fermées.

La fréquence de patrouille des brigades de propreté devrait être augmentée dans les 12 arrondissements où celles-ci sont déjà présentes. Ce service devrait être étendu à l’année, estiment les élus de l’opposition. Finalement, une campagne de sensibilisation sera nécessaire auprès des commerçants du secteur de l’alimentation afin de s’assurer du respect des règles d’hygiène dans les lieux publics.

Un animal prolifique

Présent à la conférence de presse de l’opposition mardi, Nathaniel Leavey, exterminateur et propriétaire des Entreprises Maheu, soutient que son entreprise a noté une augmentation importante des appels pour les infestations de rats, particulièrement à l’automne 2022, quelques mois après l’interdiction des poisons.

La présence de rats peut avoir des effets sanitaires néfastes et causer des dommages aux bâtiments puisque ces animaux sont capables de ronger le ciment, l’acier et le plastique, a souligné M. Leavey. « C’est un animal qui n’est pas ordinaire. Il a une maturité sexuelle dès l’âge de deux mois. La femelle peut avoir environ six portées par année et de six à douze bébés par portée, donc environ 50 bébés par année », a-t-il expliqué. Ainsi, la fécondité de ces bêtes peut faire en sorte qu’un couple de rats et leur descendance pourraient engendrer 5000 individus par année.

Nathaniel Leavey a salué la décision de la Ville de permettre à nouveau l’usage du diphacinone, car le recours aux pièges était moins efficace. Mais il importe, selon lui, de s’attaquer à la source du problème, comme les déchets éparpillés dans l’environnement et la libre circulation des rats lors de chantiers de construction.

M. Maheu admet qu’il est difficile d’évaluer avec précision le nombre de rats dans la métropole. Mais si on en vient à un nombre de 5 à 6 millions d’individus, c’est que de façon générale, on compte dans les grandes villes de deux à trois rats par habitant.

Le cabinet de la mairesse Plante dit recevoir la motion de l’opposition « avec grande ouverture ». « Bien que depuis 2020, on enregistre une diminution de plaintes concernant la présence des rongeurs dans le centre-ville, on ne baisse pas la garde pour autant », a indiqué l’attachée de presse Marikym Gaudreault. « On veut aussi s’assurer que les entreprises de gestion parasitaire ont ce qu’il faut dans leur boîte à outils, alors on fait preuve de flexibilité. C’est pourquoi on a de nouveau autorisé l’utilisation d’un rodenticide. »

Elle précise qu’une stratégie est déjà en place avec diverses mesures, comme l’installation de poubelles fermées, l’application de normes pour les chantiers et l’amélioration de la propreté sur le domaine public. La motion sera discutée à la prochaine assemblée du conseil.



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