L’élection de Poilievre pourrait servir la cause souverainiste, croit le chef du PQ

Selon le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, les prises de positions du nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, pourraient amener des Québécois «à se demander ce qui nous rattache au reste du Canada». Sur la photo, M. Plamondon dans la capitale nationale, le 8 septembre.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Selon le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, les prises de positions du nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, pourraient amener des Québécois «à se demander ce qui nous rattache au reste du Canada». Sur la photo, M. Plamondon dans la capitale nationale, le 8 septembre.

L’élection de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur du Canada (PCC) est une excellente nouvelle pour la cause souverainiste aux yeux du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.

« Je pense que ça va exacerber certaines réflexions par rapport à notre avenir », a-t-il déclaré, en marge d’une annonce sur les soins de santé de proximité en Abitibi dimanche.

« On dépense, de nos poches, à travers nos impôts envoyés à Ottawa, quelque deux milliards de dollars en cadeaux et en subventions à l’industrie pétrolière. Et ça, c’est avec un gouvernement Trudeau qui se vante de planter des arbres, puis d’aimer l’environnement. Imaginez sous un gouvernement conservateur Poilievre. Comment ces enjeux-là, ces intérêts-là sont irréconciliables : les projets de pipelines, les sables bitumineux, les cadeaux aux multinationales… Il y a des choses qui confirment la nécessité de l’indépendance du Québec. »

M. St-Pierre Plamondon n’a toutefois pas voulu commenter la déclaration du chef conservateur selon laquelle la nation québécoise « tenait tête au wokisme ». Dominique Anglade et François Legault non plus d’ailleurs.

Par contre, il s’est prononcé sur le ton de la campagne menée par Pierre Poilievre. « C’est clairement un ton différent de celui du PQ, convenons-en. Et ça peut amener des Québécois et des Québécoises à se demander ce qui nous rattache au reste du Canada dans cette équation. »

Pas d’appui de Legault

N’en déplaise à Pierre Poilievre, le projet gazier de GNL Québec est bien mort et enterré, a souligné François Legault dimanche après-midi. « Le dossier est fermé », a déclaré le chef de la Coalition avenir Québec moins de 24 heures après l’appel de M. Poilievre à faire démarrer le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de l’Ouest canadien, de réservoirs d’entreposage et de plateformes de chargement maritime à Saguenay. C’est « non négociable », a précisé M. Legault en marge d’un rassemblement dans le Centre-du-Québec.

Le premier ministre québécois jugeait dimanche prématuré de porter un jugement sur le nouveau chef conservateur, Pierre Poilievre. « Je ne le connais pas assez et je ne connais pas assez son programme », a-t-il fait valoir lors d’une mêlée de presse. Il s’est promis de le rencontrer… si la CAQ remporte le scrutin du 3 octobre prochain.

En 2021, le premier ministre québécois avait donné son appui au Parti conservateur du Canada, qui était alors dirigé par Erin O’Toole. M. Legault n’a pas exclu la possibilité d’afficher de nouveau ses couleurs lors de la prochaine campagne électorale fédérale, qui est prévue en 2025. « Je vais continuer à défendre les intérêts du Québec et des Québécois », a-t-il répété à la presse. « Une chose que je souhaite, c’est que le Québec obtienne plus de pouvoirs, entre autres en matière d’identité, en matière d’immigration, puis que le gouvernement fédéral respecte aussi les champs de compétence du Québec, comme la santé », a-t-il aussi affirmé.

Un choix « inquiétant », dit QS

Du côté de Québec solidaire, on voit surtout dans la nomination de M. Poilievre le symptôme d’une dérive. « Les membres du Parti conservateur ont choisi le candidat du “trumpisme”, et je trouve ça inquiétant », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.

Cette sortie a fait vivement réagir le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, qui s’est inscrit en faux contre cette comparaison. « Encore une fois, M. Nadeau-Dubois y va d’hyperboles qui sont complètement déplacées et de qualificatifs qui sont inappropriés. Je ne vois pas en quoi il y a un parallèle », a-t-il dit avant d’affirmer qu’il ne voyait « absolument pas » de trumpisme chez M. Poilievre.

Anglade muette sur Charest

 

Quant à la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, elle a « félicité » dimanche le nouveau chef du PCC, Pierre Poilievre. Elle s’est toutefois abstenue de dire si le projet de pays de M. Poilievre la faisait rêver. Elle a dit plutôt rêver à un « Québec qui soit ouvert, qui soit inclusif » où tous les Québécois peuvent développer leur « plein potentiel ».

Mme Anglade a aussi refusé de commenter le score obtenu par l’ex-premier ministre québécois Jean Charest dans la course à la direction du PCC. M. Charest, qui a dirigé le PLQ de 1998 à 2012, a remporté seulement 6 des 78 circonscriptions fédérales au Québec, soit 12 fois moins que M. Poilievre (72). « Ça ne change rien à notre campagne électorale », a fait valoir Mme Anglade, à l’extérieur de la station de métro Montmorency, à Laval.

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