Duhaime a fait «une démonstration de force», selon lui

Au jour 7 de la campagne électorale, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) Éric Duhaime a voulu faire une « démonstration de force » en s’adressant à des centaines de militants exaltés, samedi, à Victoriaville.
L’aspirant premier ministre a dit à la foule que sa présence devant eux n’était ni « un hasard », ni « un accident ». « C’est parce qu’il y a des gens comme vous et moi qui n’étaient pas d’accord de la façon dont on a été géré [durant la pandémie de COVID-19] et de la façon dont le gouvernement s’est mis le nez dans nos maisons », a expliqué Éric Duhaime, au restaurant Complexe Évasion.
Si le PCQ est le parti « du mécontentement », c’est la CAQ qui a créé cette insatisfaction, a lancé le chef conservateur. Dans le stationnement des lieux, des sympathisants assis à l’arrière d’une camionnette ont applaudi vigoureusement.
M. Duhaime a d’ailleurs invité les « CAQus », « trahis » par le parti de François Legault, à se rallier à lui. Mais il ne s’est pas caché de vouloir aussi recruter des libéraux, solidaires et péquistes déçus. Dans la foule, un homme a agité un drapeau du Québec.
Aucun des partis politiques présents à l’Assemblée nationale durant la pandémie « n’a joué son rôle de représenter le monde », a asséné Éric Duhaime, sous le regard de militants opinant du bonnet. S’il a souligné la présence des nombreux sympathisants, le défi sera de s’assurer qu’ils aillent voter, a-t-il reconnu.
Il a réitéré que « changer le Québec » doit se faire de façon pacifique et démocratique. Jeudi, la candidate libérale Marwah Rizqy a reproché à M. Duhaime d’envenimer le climat politique en cultivant « la grogne » de la population. Mercredi, elle avait révélé avoir fait l’objet de menaces de mort.
Anciens péquistes et anciens caquistes
Bière à la main, Patrick Bégin relate au Devoir être un ex-péquiste devenu conservateur. « Je pense qu’on a des problèmes plus graves que la souveraineté du Québec ». L’homme vêtu d’un blouson en cuir craint le retour des mesures sanitaires au lendemain des élections, si les caquistes l’emportent.
Selon M. Bégin, le chef du PCQ « a le vent dans les voiles ». Il raconte être venu encourager le candidat conservateur dans sa circonscription, Arthabaska, Tarek Henoud. Ce dernier a terminé son discours devant la foule en disant ne pas vouloir « être un politicien », mais plutôt « être au service de [sa] population. »
Selon les dernières projections de Qc125, la circonscription d’Arthabaska resterait aux mains de la CAQ. Le député sortant Éric Lefebvre jouirait d’une bonne longueur d’avance (61 % des voix) devant M. Henoud (16 %).
Debout près de la scène, Line Francoeur guette la venue du chef conservateur, le sourire aux lèvres. C’est pour être « libres chez nous » qu’elle choisira le PCQ le 3 octobre prochain, dit-elle en reprenant le slogan du parti. En 2018, son vote pour la CAQ a été « une grosse erreur », raconte-t-elle, dépitée. « Si François Legault est réélu, c’est sûr qu’on va retomber dans les mêmes affaires [avec les mesures sanitaires]. »
Après avoir amorcé la journée en Mauricie, Éric Duhaime a terminé sa tournée dans le Centre-du-Québec. C’est d’ailleurs dans cette région, à Drummondville, qu’il avait dévoilé sa plateforme électorale à la mi-août.
Le chef conservateur a répété samedi les promesses faites au cours de la semaine, soit le troisième lien qui passerait par l’île d’Orléans, l’exploitation des hydrocarbures québécois, les baisses d’impôt, l’ouverture au privé en santé, la concurrence entre les types de garderies et la fin du monopole de la SAQ pour la vente d’alcool.
La censure « peut être dangereuse », selon Duhaime
Samedi après-midi, en point de presse, le chef du PCQ a affirmé qu’il rejetait l’idée que la pandémie et les vaccins seraient le fruit d’un complot des gouvernements. Dans une chronique du Journal de Montréal, Mario Dumont avait sommé M. Duhaime de se dissocier de ces théories, en faisant valoir que le chef conservateur « s’est approché dangereusement des conspirationnistes » ces derniers mois pour financer son mouvement. Éric Duhaime a toutefois voulu apporter une « nuance » dans ce débat, ce qui manque, à son avis. Il a donné l’exemple de l’hypothèse de la fuite d’un laboratoire de Wuhan, en Chine, pour expliquer l’origine de la pandémie. Avant, c’était « considéré comme théorie du complot, a-t-il dit. Même les réseaux sociaux censuraient les gens qui écrivaient ça. Aujourd’hui, c’est considéré comme une thèse valide et valable. » La « censure peut être dangereuse dans ce genre d’affaires-là », selon l’aspirant premier ministre. Ce dernier a répété être en faveur de « la liberté d’expression » et du « libre choix ». Des valeurs qu’il défendait même à l’époque où il a été candidat pour l’Action démocratique du Québec (ADQ), le parti de Mario Dumont, en 2003, a-t-il souligné.