Les villes devront «limiter l’étalement urbain»

Cette vue aérienne montre une banlieue de Montréal.
Jonathan Taillefer Getty Images iStockphoto Cette vue aérienne montre une banlieue de Montréal.

La Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT) dévoilée lundi par le gouvernement Legault ne dit mot du projet de troisième lien, mais recommande que les municipalités limitent l’étalement urbain.

L’État doit « orienter la croissance vers des milieux déjà dotés d’infrastructures et de services publics, situés au cœur de nos villages et de nos villes, limitant ainsi l’étalement urbain », peut-on lire dans la Politique.

Ce document doit être vu comme « un cadre de référence pour toutes les municipalités du Québec », écrit la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, dans son mot d’introduction.

Il ouvre notamment la voie à une refonte de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) qui a été adoptée il y a plus de 40 ans, a souligné la ministre.

Le territoire québécois est « déjà » touché par les effets des changements climatiques, précise plus loin la stratégie. Dès lors, le Québec doit « renforcer » ses interventions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Il faut en outre « réduire les durées de déplacement et les distances entre les lieux de résidence, de travail, de consommation et d’autres types d’activité » et « augmenter la densité d’occupation du sol en favorisant des formes compactes d’aménagement », avance-t-on.

Protection des terres agricoles

 

Autre élément notable : le document préconise une « protection accrue aux terres agricoles ». Il ne précise toutefois pas si cela pourrait mener à un renforcement des pouvoirs de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

La PNAAT est rendue publique quelques semaines après que le ministre des Transports, François Bonnardel, eut fait l’objet de vives critiques après avoir réduit les politiques de densification à une mode.

Réclamée par de nombreux groupes de la société civile, cette politique est une première au Québec. Elle est le fruit d’une vaste consultation touchant 23 ministères et organismes et à laquelle 4500 personnes ont participé depuis l’an dernier.

Avant de se traduire par des actions concrètes, elle doit être suivie d’un « plan de mise en œuvre », qui ne sera toutefois pas déposé avant l’hiver 2023, soit après les élections.

La Politique a été dévoilée lundi après-midi à Saguenay par la ministre Laforest ainsi que Nathalie Roy, ministre de la Culture. Cette dernière est directement concernée par la portion du plan consacrée à l’architecture.

La PNAAT se décline en quatre axes : des milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins de la population, un aménagement qui préserve et met en valeur les milieux naturels et le territoire agricole, des communautés dynamiques et authentiques partout au Québec ainsi qu’un plus grand souci du territoire et de l’architecture dans l’action publique.

Sur ce dernier point, la Politique vise notamment à « instaurer un cadre en matière architecturale pour faire évoluer les pratiques de l’État et léguer une architecture durable et créative. »

« Rien de concret »

L’un après l’autre, les groupes de pression qui s’intéressent à ces enjeux ont tous pressé le gouvernement de faire plus vite et davantage lundi après-midi.

Les interventions proposées sont les bonnes, mais elles ne demeurent que des « souhaits », a réagi la directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe. « Il n’y a rien de concret. »

Même son de cloche du côté de l’Ordre des urbanistes du Québec. La stratégie est « un pas en avant important », mais le document contient « peu d’engagements concrets », a réagi son président, Sylvain Gariépy.

« Les vraies décisions restent à prendre », a pour sa part soutenu le directeur de Vivre en ville, Christian Savard. « Comme le rappelait récemment le rapport du comité consultatif sur les changements climatiques, la modernisation des pratiques d’aménagement du territoire est fondamentale pour réussir la transition écologique. »

Questionnée par des journalistes sur l’impact concret de la Politique, la ministre a expliqué qu’à cette étape-ci, cela ne changerait rien aux obligations des municipalités. « C’est une vision et c’est une prise de conscience », a-t-elle soutenu.

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