Québec solidaire veut une enquête de la commissaire à l’éthique sur Polycor

La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.
Jacques Boissinot La Presse canadienne La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.

Québec solidaire (QS) a l’intention de demander une enquête de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale sur une transaction de 100 millions de dollars annoncée début mai par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

La députée de QS Ruba Ghazal a rappelé mardi que M. Fitzgibbon avait déjà été blâmé précédemment par la commissaire dans un autre dossier.

« Ça serait une bonne chose, oui, je vais faire la demande, a-t-elle dit en point de presse. C’est important, parce qu’on ne peut ménager aucun effort face aux manquements à l’éthique de M. Fitzgibbon, et c’est important de faire la demande. »

Le Devoir a rapporté mardi que les dirigeants d’Investissement Québec (IQ) et de l’entreprise Polycor se contredisaient concernant les communications qu’ils ont eues avant l’annonce d’une transaction de 100 millions de dollars.

L’entreprise était également mandatée par la banque d’affaires TD Valeurs mobilières. Selon le site Internet du Grand défi Pierre Lavoie, la banque d’affaires et son directeur à Montréal, Abe Adham, ont fait un don totalisant 750 $ à une équipe dont faisaient partie le président-directeur général de IQ, Guy LeBlanc, et M. Fitzgibbon, en 2014.

« Comment ça se fait que M. le premier ministre tolère que son ministre de l’Économie entache la fonction d’un ministre, comme M. Fitzgibbon ? Il a une charge publique et il n’arrive pas à comprendre qu’il y a des règles qui nous régissent, on ne peut pas fonctionner comme il fonctionnait dans l’entreprise privée avec son argent personnel », a dit Mme Ghazal.

Le cabinet de la commissaire Mignolet a indiqué qu’aucune enquête n’est en cours.

« Il n’y a pas d’enquête en cours concernant les démarches réalisées auprès de Polycor à ce stade-ci, a répondu la porte-parole Anne-Sophie St-Gelais. La commissaire analysera toutes les demandes d’enquête reçues à cet effet, le cas échéant. »

Début mai, M. Fitzgibbon a annoncé qu’IQ et le gouvernement prenaient une participation de près de 100 millions de dollars dans Polycor, une entreprise active dans l’extraction de granit au Québec.

Vérifications entamées

 

QS a ensuite demandé une enquête du commissaire au lobbyisme, Jean-François Routhier. Selon la formation politique, le président-directeur général de Polycor, Patrick Perus, aurait dû s’inscrire au registre des lobbyistes relativement à une communication qu’il a eue avec M. Fitzgibbon environ deux mois avant l’annonce du placement de fonds publics.

Le cabinet du commissaire au lobbyisme a indiqué que des vérifications étaient en cours dans ce dossier.

 

Le député libéral Marc Tanguay a affirmé mardi que les versions contradictoires exprimées par les dirigeants de IQ et Polycor montrent la nécessité de voir plus clair dans ce dossier.

« Le fait que les acteurs se contredisent dénote encore plus l’importance que le commissaire au lobbyisme, justement, fasse la lumière, a-t-il dit. On a hâte de voir les conclusions pour que les différentes versions soient vérifiées et qu’on sache ce qui s’est réellement passé. »

M. Tanguay n’a pas voulu se prononcer sur la possibilité qu’une invitation de M. Fitzgibbon faite à M. Perus pour qu’il lui téléphone, deux mois avant l’annonce de la transaction, constituait une apparence de favoritisme.

« Les versions contradictoires ne font encore que soulever le doute sur la façon dont cette transaction a été amorcée et conclue », s’est-il contenté de dire.

Le député péquiste Martin Ouellet a lui aussi estimé qu’il faut faire la lumière sur les versions contradictoires exprimées concernant les communications des dirigeants de Polycor et IQ.

« On a deux versions différentes, il faut tirer ça au clair », a-t-il dit.

Selon M. Ouellet, l’appel téléphonique entre M. Fitzgibbon et M. Perus soulève la question de l’accessibilité au ministre.

« Ça pose la question de qui a accès au ministre, a-t-il dit. Est-ce que c’est parce qu’on le connaît ? »

Début mai, M. Fitzgibbon a présenté M. Perus comme une relation professionnelle qu’il n’a rencontrée qu’environ cinq fois.

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