Fin du port du masque obligatoire le 21 mars en Ontario

Le premier ministre Doug Ford a assuré que «tout le monde pouvait continuer de porter un masque» s’il le souhaitait. «Mais nous devons aller de l’avant», a-t-il poursuivi.
Nathan Denette La Presse canadienne Le premier ministre Doug Ford a assuré que «tout le monde pouvait continuer de porter un masque» s’il le souhaitait. «Mais nous devons aller de l’avant», a-t-il poursuivi.

L’Ontario mettra fin à l’obligation du port du masque à partir du 21 mars dans la plupart des lieux intérieurs, incluant les restaurants, les magasins et les écoles, a annoncé le médecin hygiéniste en chef de la province, le Dr Kieran Moore. Presque toutes les autres restrictions seront levées le 27 avril.

Le médecin en chef de la province avait déjà laissé sous-entendre il y a quelques jours que la levée du port obligatoire du masque se ferait prochainement. La levée de la restriction ne concerne toutefois pas les foyers de soins de longue durée, les maisons de retraite, les hôpitaux ainsi que les transports en commun.

Les établissements pourront continuer d’imposer le port du masque. En conférence de presse mercredi matin, le premier ministre, Doug Ford, a assuré que « tout le monde pouvait continuer de porter un masque » s’il le souhaitait. « Mais nous devons aller de l’avant », a-t-il poursuivi. Certains établissements continuent de demander aux clients de présenter leur passeport vaccinal, même s’il n’est plus obligatoire depuis le 1er mars.

D’après le plan de la province remis aux journalistes mercredi, le port du masque obligatoire sera révoqué dans tous les autres endroits intérieurs à partir du 27 avril. À partir du 11 mars, la province ne rapportera plus les décès en fonction du statut vaccinal et du groupe d’âge.

Évaluation personnelle du risque

 

Le Dr Kieran Moore a lui-même fait savoir qu’il continuerait de porter son masque dans certains lieux intérieurs, comme des magasins à grande surface et des centres commerciaux où la distanciation sociale n’est pas possible. « J’évaluerai mon choix en fonction du risque associé à l’activité », a-t-il mentionné. C’est un choix, maintenant, et c’est le grand changement le 21 mars », a-t-il dit.

Son ami, le médecin spécialiste des maladies infectieuses Gerald Evans, planifie aussi porter son masque dans tous les lieux intérieurs jusqu’en avril, au minimum. « Ma décision de l’enlever sera motivée par les données », a souligné le professeur de l’Université Queen’s, à Kingston, en entrevue avec Le Devoir.

Dans la région de Peel, au nord-ouest de Toronto, l’infectiologue Sumontra Chakrabarti compte ne le porter qu’à l’hôpital dorénavant. « La pandémie n’est pas terminée, mais nous sommes rendus à une étape différente », précise le médecin.

Le Dr Gerald Evans dit par contre s’inquiéter du fait que les experts en santé publique aient perdu le contrôle du message depuis l’atteinte du pic de la vague du variant Omicron et du fait que la population pense, au contraire, que la pandémie est bientôt chose du passé. « Comment fait-on pour reprendre le message lorsqu’on l’a perdu ? » se demande celui qui est membre de la Table de consultation scientifique de l’Ontario

Le groupe d’experts qui formule des recommandations à la province depuis le début de la pandémie n’a pas été consulté avant l’annonce de mercredi, a révélé son directeur scientifique, le Dr Peter Jüni, en entrevue avec CBC mercredi. « [Le gouvernement] ne nous a pas directement consultés pour savoir dans quelle direction nous nous dirigions », a confirmé le Dr Evans.

Personnes vulnérables

 

Les personnes vulnérables, celles qui ont des problèmes de santé sous-jacents ou qui sont immunodéprimées, devraient continuer de porter un masque, a recommandé le médecin hygiéniste en chef lors de son allocution. « Je demande qu’on reste respectueux de leur choix », a affirmé le Dr Moore.

Cela s’applique aussi aux personnes dans le milieu scolaire, a ajouté le Dr Moore. D’après le Dr Sumontra Chakrabarti, des cas de COVID-19 chez les enfants ne justifient plus le port du masque en classe. Seulement trois enfants sont hospitalisés aux soins intensifs en Ontario en raison de cette maladie en ce moment.

Dans un communiqué, la Coalition pour la santé des enfants, un collectif d’hôpitaux pour enfants, encourage tous ceux dans le milieu scolaire à porter le masque. Sans directive provinciale, le Dr Gerald Evans estime que la tâche de masquer la population étudiante pourrait être difficile. « Le défi avec les adolescents, c’est que leurs décisions sont guidées par ce qu’ils voient autour d’eux », dit-il. 91 % des élèves ontariens du secondaire ont pour le moment reçu deux doses de vaccin.

Le médecin hygiéniste en chef a prévenu que l’obligation pourrait revenir dans les hôpitaux si jamais la situation épidémiologique devait changer au cours des prochains mois. « Moi et mon équipe n’allons pas hésiter à agir si la situation change », a mentionné le Dr Kieran Moore.

L’isolement n’est plus requis

La province allège aussi les directives d’isolement dès maintenant. Depuis le 5 janvier, les contacts familiaux d’une personne infectée par le virus et doublement vaccinée devaient s’isoler pendant au moins cinq jours. Dorénavant, les Ontariens de 18 ans et plus qui ont reçu trois doses du vaccin — soit environ 47,5 % de la population — n’auront pas à s’isoler, même si une personne sous leur toit est infectée.

Les personnes qui ont été en contact avec un cas positif à l’extérieur de leur domicile n’ont plus besoin de s’isoler non plus, peu importe leur statut vaccinal, mais doivent surveiller pendant dix jours le développement des symptômes et porter un masque. « Évitez des activités où le masque est enlevé », a précisé le Dr Kieran Moore.

Mercredi, la médecin hygiéniste en chef de la ville de Toronto, la Dre Eileen de Villa, a pour sa part recommandé au conseil municipal de suivre l’exemple de la province. Dans un rapport remis aux conseillers, la médecin a noté que la municipalité était dans une situation « considérablement différente » de celle au moment où le port de masque est devenu obligatoire.

« Heureusement, en raison du haut taux de vaccination et des tendances épidémiologiques, la ville peut considérer retirer le règlement », a-t-elle écrit.

88,6 % des Torontois âgés de 18 ans et plus ont reçu deux doses, soit un taux supérieur à celui de la province, qui environne les 85 %. 56,7 % de la population adulte de la Ville Reine sont triplement vaccinés, un taux de loin supérieur à celui de la province. À l’échelle provinciale, le taux d’hospitalisation a diminué de 81 % depuis le pic de la vague causée par le variant Omicron.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.



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