Une troisième série de sanctions envers la Russie
Au deuxième jour de l’invasion russe en Ukraine, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé une « troisième série » de sanctions contre Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères. Après une rencontre avec ses alliés de l’OTAN, M. Trudeau a indiqué qu’il appuierait ainsi le retrait de la Russie du réseau bancaire SWIFT, et que des sanctions allaient être appliquées à la Biélorussie.
« Le Canada est prêt à intensifier sa réponse et à imposer des conséquences encore plus lourdes au président Poutine et à ceux qui l’aident », a déclaré le premier ministre lors d’un point de presse en compagnie de plusieurs ministres du gouvernement.
Il a rappelé que l’application de sanctions directes contre le président russe représente une première pour le Canada. « C’est une indication claire que M. Poutine a effectué une décision mal calculée en envahissant l’Ukraine », a soutenu M. Trudeau, en gardant la porte ouverte pour des sanctions additionnelles dans les prochains jours.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a quant à elle souligné qu’en plus de M. Poutine, de nombreux ministres de son gouvernement ont été sanctionnés, tant par le Canada que par d’autres pays. « Pourquoi est-ce qu’on fait ça ? Parce qu’on veut s’assurer qu’on fait suffoquer le régime russe. C’est notre but », a-t-elle laissé tomber.
Les sanctions additionnelles annoncées seront-elles suffisantes pour éviter que les choses s’aggravent ? M. Trudeau a fait remarquer que le monde agit « de façon unie et coordonnée » aux attaques de la Russie contre l’Ukraine. « Poutine a décidé d’abolir 75 ans de paix en envahissant un voisin pacifique qui ne l’a pas du tout provoqué. C’est pourquoi nous intervenons de façon forte et unie », a-t-il dit.
Préparatifs d’immigration
Le gouvernement a également assuré qu’il était prêt à faire face une augmentation des demandes d’immigration de toutes sortes venant des Ukrainiens qui souhaitent venir au Canada. Il dit d’ailleurs avoir amorcé une opération spéciale le 19 janvier dernier visant à outiller les ambassades canadiennes des pays limitrophes à faire face à un afflux important de demandes liées à l’immigration.
Ainsi, les demandes de titres de voyage, comme les passeports et les visas, seront traitées en urgence. « Si quelqu’un a déjà un [dossier de déposé], ça va être traité sur une base prioritaire. Et si tu es [un Ukrainien au Canada], on va prolonger ton permis de séjour temporaire et délivrer des permis de travail », a dit le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, en rappelant qu’une ligne téléphonique spéciale était consacrée aux Ukrainiens et que les courriels portant la mention « Ukraine 2022 » allaient être traités en priorité.
Le ministre Fraser n’a toutefois pas voulu s’avancer vendredi sur un programme d’accueil avec une cible précise en matière d’accueil de réfugiés, comme ce fut le cas pour les Afghans lors de la crise en août dernier. « Nous en aurons plus à dire à ce sujet prochainement. » Il a tenu à préciser que la situation des deux pays était « extrêmement différente » puisque les talibans avaient bloqué tout accès au pays. En Ukraine, des voies de passage sécuritaires ont été mises en place pour faciliter l’évacuation vers des pays limitrophes alliés, a-t-il insisté.
Justin Trudeau a laissé entendre que les Ukrainiens allaient dans l’immédiat chercher à fuir vers l’Europe, avant de penser à aller rejoindre des membres de leur famille au Canada, le cas échéant. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, « plus de 50 000 réfugiés ukrainiens ont fui leur pays en moins de 48 heures, en majorité vers la Pologne et la Moldavie ».
Le visa encore obligatoire
M. Fraser n’a pas non plus annoncé la levée de l’obligation, pour les Ukrainiens, d’obtenir un visa pour venir au Canada. C’était notamment une demande formulée par l’Association québécoise des avocates et avocats en immigration (AQAADI). Dans une lettre envoyée au Devoir, la présidente de l’AQAADI, Stéphanie Valois, a enjoint au gouvernement canadien « de lever rapidement cette exigence de visa » pour permettre aux Ukrainiens de voyager avec une autorisation de voyage électronique (ETA) qui s’obtient rapidement et sans obligation d’envoyer le passeport à l’ambassade canadienne en Ukraine, celle-ci ayant d’ailleurs été relocalisée en Pologne. « Cette mesure permettrait également à toutes les personnes en attente de résidence permanente de venir au Canada et de finaliser leur demande à partir de notre pays », écrit-elle.
Le ministre Fraser a répondu que diverses options étaient envisagées pour répondre aux besoins des Ukrainiens, y compris celle de rendre plus flexibles des programmes existants.
Par ailleurs, le Canada a fait appel à la générosité des Canadiens en annonçant qu’il versera une somme égale aux dons qu’ils effectueront à la Croix-Rouge canadienne entre le 24 février et le 18 mars, jusqu’à concurrence de 10 millions de dollars.
Avec Zacharie Goudreault