La Chine accuse le Canada d’hypocrisie pour sa gestion du «Convoi de la liberté»

Un porte-parole du gouvernement chinois a comparé le « Convoi de la liberté » récemment délogé des rues de la capitale canadienne aux manifestations prodémocratie à Hong Kong, accusant le gouvernement Trudeau d’avoir deux poids, deux mesures en matière de droits de la personne.

« Aux yeux de certaines personnes au Canada, des protestations et des manifestations similaires devraient être désignées différemment selon les endroits. À Hong Kong, il s’agit d’un “mouvement de défense des droits de la personne”, mais au Canada, il s’agit d’une “menace pour la démocratie” », a déclaré dimanche un conseiller du ministère des Affaires étrangères de Chine, Wang Wenbin, selon le compte rendu officiel.

Il répondait en conférence de presse à une question d’un média affilié au Parti communiste chinois au sujet du convoi de camionneurs qui occupait depuis trois semaines Ottawa et qui avait été délogé la veille après une lente et méthodique opération policière de plusieurs jours.

Dans une publication sur Twitter, l’ambassade de Chine au Canada a présenté les événements comme « une dispersion violente du Convoi de la liberté » à l’aide de poivre de cayenne, de grenades assourdissantes et de matraques.

Le porte-parole a rappelé que le Canada avait apporté son soutien aux manifestations depuis 2019 pour la démocratie à Hong Kong. Selon la version chinoise des événements, « des éléments radicaux ont agressé la police et perturbé délibérément l’ordre public à Hong Kong », a résumé Wang Wenbin.

« [Le Canada] a critiqué, calomnié et sali gratuitement la police de Hong Kong. Pourquoi cette différence ? […] Un tel cas de deux poids, deux mesures est inacceptable. Le Canada devrait sérieusement réfléchir sur lui-même », a-t-il conclu.

Propagande chinoise

 

« C’est un autre exemple de la machine de propagande à l’œuvre, pour essayer d’associer deux événements qui n’ont pas de rapport entre eux. Dans le cas de Hong Kong, c’était pour la démocratie », analyse l’ancien ambassadeur du Canada en Chine Guy Saint-Jacques, en entrevue au Devoir.

Il souligne que la Chine avait également accusé les manifestations hongkongaises de percevoir du financement d’intérêts étrangers. Au Canada, une part importante du financement du « Convoi de la liberté », finalement bloqué par les autorités, provenait effectivement de donateurs américains.

« On voit de plus en plus de tentatives de la part de la Chine de se justifier et de nous attaquer sur le plan des droits de la personne et des libertés démocratiques en utilisant des exemples comme ça. Je pense qu’il faut s’attendre à ce que ça se multiplie dans le futur, et ce, pour miner notre position, pour éviter qu’on puisse les accuser de quoi que ce soit », prévient M. Saint-Jacques.

Dans une publication sur Instagram désormais effacée, un compte influent du Convoi de la liberté a partagé lundi les propos des responsables chinois, qui n’affichaient pourtant pas de sympathies particulières pour les manifestants d’Ottawa, ainsi comparés à ceux de Hong Kong.



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