Ottawa et Québec traitent le dossier d’Oka avec prudence

Les Mohawks de Kanesatake veulent que le parc d'Oka rester fermé au moins jusqu’au 1er juin pour éviter une éclosion de cas de COVID-19 au sein de leur communauté.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Les Mohawks de Kanesatake veulent que le parc d'Oka rester fermé au moins jusqu’au 1er juin pour éviter une éclosion de cas de COVID-19 au sein de leur communauté.

Les préoccupations sanitaires des Mohawks de Kanesatake sont légitimes, et il faut discuter pour trouver une solution permettant la levée du barrage symbolique qu’ils ont érigé à l’entrée du parc d’Oka : voilà essentiellement ce que Québec et Ottawa avaient à dire jeudi de la situation qui empêche la réouverture effective du parc.

Interpellé à 13 h, le premier ministre Legault a dit comprendre que « certaines nations [ou] des représentants de nations autochtones soient inquiets de l’éventualité d’être infectés par des gens qui viendraient de l’extérieur, dans le parc à Oka, donc c’est légitime. »

Il a indiqué que Québec « essaie de discuter avec eux pour régler ça à l’amiable ». Le cabinet de la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, a pour sa part confirmé au Devoir que « la Santé publique travaille actuellement sur le plan de déconfinement pour la région, compte tenu de la vulnérabilité de la population autochtone de cette région. »

Mais pas question, donc, de dénoncer le point de contrôle organisé par les Mohawks, même si celui-ci se situe à près de trois kilomètres à l’extérieur du territoire autochtone. Plus largement, Québec laisse depuis plusieurs semaines les Mohawks contrôler les allées et venues au village d’Oka. Le maire, Pascal Quevillon, juge inacceptable cette inaction.

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Mercredi, le grand chef Serge Otsi Simon disait craindre que le déconfinement entraîne une éclosion de cas de COVID-19 au sein de sa communauté, où quelque 50 % des membres seraient à risque. « On n’a pas de problème avec les locaux, c’est ceux qui viennent de Montréal. On essaie de se protéger », justifiait-il en matinée à une résidente qui demandait des explications.

Jeudi, la situation sur le terrain n’avait pas changé : il était toujours impossible pour tout visiteur de pénétrer dans le parc de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), théoriquement rouvert depuis mercredi. Les Mohawks veulent que le parc rester fermé au moins jusqu’au 1er juin.

Ottawa

 

À Ottawa aussi, la prudence était de mise. Le premier ministre Trudeau a soutenu que « les différents paliers de gouvernement, y compris les gouvernements autochtones, se doivent de travailler ensemble pour assurer qu’on prend des décisions appropriées pour protéger les citoyens, même pendant qu’on commence à essayer de revenir un peu à la normale, un peu à une économie rouverte. Je pense que le leadership des différentes communautés devrait pouvoir s’entendre sur la meilleure façon à suivre. »

Il a fait valoir que tous souhaitent « protéger nos citoyens de la COVID-19, assurer la santé et la sécurité particulièrement de nos populations vulnérables ».

Son ministre des Affaires autochtones, Marc Miller, a quant à lui affirmé qu’il est « difficile de juger des gens qui essayent de protéger leur communauté d’une potentielle éclosion de COVID-19. Loin de moi de juger la façon dont la communauté choisit de mettre en vigueur ses protocoles sanitaires. »

Il fait valoir qu’on « parle de points de sécurité routière. Ce ne sont pas des barricades. Il y a un différend entre le maire d’Oka et le grand chef sur la façon d’exécuter ces points de sécurité. » Le maire Quevillon disait au Devoir mercredi que les contrôles effectués par des civils mohawks étaient illégaux.

Avec Marie Vastel, Hélène Buzzetti et Marco Bélair-Cirino