Taketomi, une île minuscule en marge du monde

Ce grand Sud japonais, à 400 kilomètres de l’île principale d’Okinawa, est à la latitude de Taïwan. De nombreuses vedettes de la Chine, de la Corée et du Japon y viennent en vacances car personne ne les reconnaît ici !
Taketomi via Ishigaki
Parti de Tokyo, j’ai d’abord atterri à Ishigaki, grande île du tourisme de masse japonais avec ses plages et ses grands festivals. Taketomi est à 10 minutes de ferry. Les autres passagers du petit traversier semblent fortunés, cultivés et branchés. Je sens déjà que j’arriverai dans un endroit spécial.
La chaîne hôtelière Hoshinoya vient d’inaugurer une propriété sur Taketomi-Jima (Jima veut dire « île »). Je suis hébergé dans un pavillon qui me laisse pantois. L’esthétique japonaise n’a pratiquement pas de limite et repose sur des milliers d’années de raffinement. Avec les techniques et le confort modernes, cela donne un résultat à des lieues de l’Occident : une riche simplicité qui repose le corps et enrichit l’esprit.
Les repas sont à l’avenant. Des soupers de huit services (dont un avant-dessert !) où tout est frais, biologique, de premier choix, fait maison, innovant, au service poli, gentil, parfait et très, très souriant. C’est de la Ryûkyû nouvelle cuisine (en français sur le menu !). Un exemple de plat : « Plancha-style Yaeyama oval squid on foie-gras risotto ». Les préparations fusionnent les techniques de pointe des cuisines française et japonaise. Bref, c’est la totale. Ça coûte combien, dites-vous ? Au moins 400 $ pour la chambre et 125 $ pour le repas.
Une île-musée
« S’il vous plaît, ne circulez pas en maillot de bain. » Cette phrase écrite en japonais est postée un peu partout sur Taketomi. Au Japon, un maillot de bain, ça se porte sur une plage seulement, même dans un lieu de vacances. D’autant que Taketomi est une île dont le village entier est classé historique. La balade en chariot tiré par un buffle d’eau y est incontournable. Dans un Japon si urbanisé, si moderne, Taketomi est un joyau symbolique d’une époque plus simple, plus lente, plus douce.
Les Japonais viennent ici presque en pèlerinage. Ils s’imbibent de leur passé glorieux, de leur folklore mélancolique, de leur architecture noble, de leur gastronomie remarquable. Ils se sourient et se reposent en accord avec les préceptes zen… avant de repartir faire tourner la plus efficace et disciplinée machine du monde : leur pays.
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